Mélodie est venue spécialement pour me rencontrer à Paris, elle a 22 ans, c’est l’artiste de la famille, et surtout elle fait du roller derby depuis deux ans à Lille. Elle raconte comment son corps est devenu le sien au travers de ses patins. Let’s Go Girl !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Je fais du roller derby, deux fois par semaine avec des séances de 2h ou 2h30. Je fais aussi de la musculation deux fois par semaine, environ une heure et du yoga, de la natation ou du run quand j’en ai envie.
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
J’ai commencé toute petite avec le ski. Mon père étant un très bon skieur, il m’a initié et j’aime toujours en faire quand j’en ai l’occasion. Puis à 4 ans, j’ai fait deux ans de danse mais n’ayant pas la fibre danseuse, j’ai arrêté pour m’inscrire à la gym. Quand j’ai déménagé pour mes études, j’ai arrêté la gym, après 15 ans de bons et loyaux services. Le fait de partir dans une autre ville, de m’émanciper quelque part, m’a fait prendre conscience que je n’avais plus vraiment envie de faire de la gym, de m’investir dans un nouveau club. C’était devenu une habitude obligatoire mais plus vraiment un plaisir. C’était aussi un moyen de me différencier de ma soeur, de deux ans ma cadette, de qui je suis très proche. On a souvent fait des activités ensemble mais en arrêtant la gym, je devenais enfin moi et plus l’une des deux soeurs.
Du coup, avec cette nouvelle étape dans ma vie, j’ai franchi le pas de tester le Roller derby, un sport qui me fascinait depuis mes 12 ans. En parallèle, je suis inscrite dans la salle de sport de l’école principalement pour me muscler et partager des moments avec mes copines.
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
Pour le roller derby, je pratique au sein du club Hockey Club Du Fresnoy dans l’équipe des Breakings Bad’ass de Tourcoing. On pratique dans deux salles : une salle municipale qui nous permet de bien s’entraîner à la stratégie et aux tactiques, et une salle de skatepark pour le patinage.
Niveau musculation, on a accès à une salle dans mon école, j’y vais avec mes copines, on passe de bons moments.
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
Je me sens plus à l’aise dans mon corps, surtout grâce au roller derby car il y a beaucoup de personnalités et de morphologies différentes. J’ai aussi plus confiance en moi. Surtout, je me vide la tête. Je fais des études assez prenantes, j’ai toujours pleins de projets en tête. Au roller, je ne pense à rien d’autre.
J’ai aussi plus confiance en les autres. Sur le terrain, il est assez difficile d’avoir une vue d’ensemble. Si on ne fait confiance qu’à soi-même, on loupe trop d’informations. J’ai quand même choisi un poste qui me permet d’en savoir beaucoup.
Il y a aussi un côté tactile qui n’est pas du tout naturel pour moi que j’ai développé au sein de mon équipe. On s’entraide, on se félicite, on fait un câlin géant à la fin des matchs, j’ai découvert ce côté rassurant et ça me sort de ma zone de confort.
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
J’arrive à faire confiance à mon corps, à mes muscles, je sais ce dont ils sont capables. Je n’ai jamais fait partie des gens qui avaient les meilleurs performances, j’étais bonne mais pas excellente. Au roller derby il y a des petites, des grandes, des grosses, des minces etc. N’importe quel physique peut en faire, il faut juste être gainée pour recevoir les coups. Du coup, je me sens plus à l’aise, j’ai moins peur de pousser mon corps à ses limites. Je me sens à ma place et je fais partie d’une équipe, je ne me pose plus de questions sur mon corps, voire j’en suis fière parce qu’il est capable de se battre.
Ma vision sportive a évolué, je suis moins compétitive en terme d’individualité. Et le sport n’est plus une routine mais vraiment une motivation, un plaisir. Il me permet de franchir des étapes personnelles.
« J’ai choisi en tant qu’individu ce sport. Je décide de qui je veux être par son biais. »
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
Mon meilleur moment est sans doute mon tout premier match. On a gagné, on s’est amusées, j’ai réussi à ne faire aucune faute et j’étais contente de mon jeu. Il y aussi la fois où j’ai gagné ma première médaille en gymnastique, j’en faisais déjà depuis un moment. J’ai tellement serré l’anneau sur la route du retour qu’il s’est déformé. J’ai aussi été championne de mon département dans ma catégorie une année.
Il n’y a pas vraiment de pire moment à part les blessures (j’ai une cheville droite très fragile). Le sport est avant tout une succession de bons moments.
Quel est ton prochain objectif ?
Je dois partir un an en Angleterre, l’année prochaine. J’aimerai réussir à trouver un club de roller derby et à pratiquer malgré la barrière de la langue. Heureusement, beaucoup de termes sont en anglais. J’aimerai aussi maintenir mon rythme de deux séances de musculation par semaine même si je n’aurai plus mes copines pour m’accompagner.
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
Comme j’ai commencé le sport très tôt, ça n’a jamais vraiment été une barrière. J’ai été élevée dans une famille de sportifs. En revanche, j’ai mis du temps avant de commencer le roller derby. J’ai connu ce sport il y a un moment mais je n’osais pas débuter. Je me servais de prétexte comme « je ne sais pas patiner, si ça se trouve je vais être nulle » mais en fait, j’avais juste peur.
Et puis, en début d’année, j’ai découvert qu’il y avait un club à Tourcoing, je me suis lancée et jusqu’au dernier moment je me suis dit « Non en fait j’irai pas ». Finalement je suis bien contente d’avoir essayé ! C’est un monde hyper cool, bienveillant et plein d’amour.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Lancez vous. Sans hésiter. Que se soit du yoga, de la danse, du run, du rugby, du foot… Faîtes le sport qui vous donne envie, essayez au moins une séance, profitez, amusez vous. Le plus dur c’est de faire le premier pas, après c’est que du bonheur !