Mélanie a pratiqué pas mal de crossfit. Son témoignage est primordial parce que le sport l’a aidé à surmonter un traumatisme. Quant à sa vision du sport, elle a énormément évolué au fil des années. Prêt.e.s à lire son expérience ? Let’s Go Girl !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Je fais trois à quatre entraînements par semaine chez moi de type Hight Intensity Interval Training / poids du corps par le biais de l’application Runtastic Results. J’ajoute une séance cardio (rameur/vélo/course) si mon emploi du temps me le permet. Et une séance de yoga pour me détendre.
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
J’ai toujours fais du sport depuis mes 7/8 ans : rugby, karaté, danse (hip hop/modern jazz), escalade, natation, running, CrossFit, musculation. À l’époque j’avais besoin de me défouler et d’avoir des challenges. Je me lasse rapidement, ce qui explique le nombre de sports testés.
Bien que l’esthétique ait été une source de motivation pour poursuivre, c’était surtout pour canaliser mon exigence. J’en demande beaucoup à mon corps, je peux me sentir frustrée si je n’y arrive pas, donc le sport me permet de me contrôler avec des objectifs sportifs précis que je me fixe.
Je suis rentrée à l’Armée à 16 ans, le sport faisait partie intégrante de mon métier. Après des missions, notamment en Afghanistan, j’ai vécu le stress post traumatique. J’ai traversé cette période douloureusement, sous la forme d’une dépression. Pour canaliser mes ondes négatives et laisser le temps faire son travail, mon mari m’a proposé d’essayer le CrossFit.
Je l’ai donc pratiqué pendant trois ans le Crossfit. Je rentrais dans un cercle vertueux, je me suis reprise en mains. Je faisais de nouvelles rencontres, j’ai perdu du poids, je me suis redécouverte. Puis j’ai arrêté suite à une blessure à l’épaule. J’ai compris que je ne pouvais pas tout faire en même temps et surtout que je devais m’écouter. J’ai donc ralenti le sport.
J’ai fondu physiquement (le CrossFit m’ayant développé ma musculature) et j’ai à nouveau pris conscience de mon corps. D’où ma pratique physique actuelle basée sur des HIIT, du cardio et du yoga.
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
Pendant trois ans, j’ai fait du CrossFit chez RARCrossfit dans le 17ème arrondissement à Paris. Puis, je me suis mise à m’entraîner chez moi et dans les parcs avec l’application Runtastic Results car j’avais besoin d’objectifs pour me motiver et toute seule c’était dur !
Je cours et m’entraîne souvent au Parc Monceau.
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
Le Crossfit m’a appris beaucoup de choses et m’a donné confiance en moi. Ce sport te met face à tes propres limites. Tu te dépasses constamment. Si on m’avait dit trois ans auparavant que je pourrais soulever 10 fois 70 kg puis courir un 400 mètres sans break et recommencer, je ne m’en aurai jamais cru capable ! Et surtout, je m’entraînais sans penser à mon physique. Je voulais juste améliorer mes performances : être plus rapide, soulever des barres plus lourdes, faire plus de tractions, réussir des mouvements de gymnastique tels que les handstand push up (pompes en poirier), courir mon 5 kms en moins de 25 minutes. Ce sport apprend à être polyvalent et travaille vraiment chaque groupe musculaire. Il améliore l’endurance et l’explosivité. Quand j’atteignais un objectif j’étais tellement fière de moi.
Le sport m’aide aussi dans mon quotidien, je peux courir derrière un bus, monter des escaliers sans être essoufflée, me sentir bien tout simplement.
« Avec ma blessure, j’ai aussi appris à écouter mon corps, à y prendre soin. J’adore la sensation de fatigue après la séance, quand je m’étire après le retour au calme. »
Le CrossFit a été le bon traitement à mon stress post traumatique, je peux même dire que le sport m’a sauvé. Je n’ai pas eu besoin de médicament, l’accompagnement sportif a été ma meilleure thérapie.
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
Avant le CrossFit, je me trouvais tout le temps trop grosse. J’ai toujours culpabilisé d’aimer manger. Ma mère me parlait souvent de sa peur de grossir et faisait des régimes à répétition. Je crois que ça m’a un peu traumatisé (on en rit aujourd’hui quand on y repense).
Du coup, je me suis toujours mise la pression pour être bonne à l’école, en sport, dans toutes les activités. Jusqu’au jour où le CrossFit m’a mis une claque (dans le bon sens). T’es à la fois en compétition avec les autres et surtout avec toi même. J’ai commencé à progresser, en renforçant ma musculature, mon corps est devenu de plus en plus musclé. Puis les gens (souvent non-sportifs) se sont mis à me dire « t’as vachement pris, t’as vu tes trapèzes et tes cuisses ? » ou encore « on dirait un bonhomme ».
Et puis, je me suis blessée à l’épaule et je ne pouvais plus évoluer car sans épaule, le CrossFit devient mission impossible. J’ai pris un peu de distance, je me suis fais une raison et j’ai décidé de faire un break. C’était juste avant mon mariage. Et là, j’ai dégonflé. À ce moment, ma famille et mes amies se sont mises à me dire « heureusement que tu as arrêté, tu devenais vraiment trop musclée ». Même si je le reconnais aujourd’hui, ça fait vraiment mal venant de mes proches, je trouvais ça injuste qu’on me dise « t’es trop musclée ». Heureusement, mon mari étant sportif, il m’a toujours soutenu dans tous mes projets et entraînements. Après tout ce chemin sportif et physique parcouru je pense avoir trouvé mon équilibre et j’accepte mon corps avec ses qualités et ses défauts.
J’ai découvert que le sport n’est pas que physique, c’est aussi une aide pour la santé mentale : une femme qui fait du sport, c’est une femme qui s’aime. On a trop de pression à tous les niveaux, il faut être carriériste, mère, femme, etc. Avec le sport on se découvre, on favorise notre bien-être. Je ne suis pas encore guérie de la pression sociale puisque l’avis des autres compte encore pour moi, mais avec mon changement de vision sur le sport je travaille sur le sujet. Le sport était un défouloir, aujourd’hui c’est principalement un bien-être, un équilibre qui me recentre sur l’essentiel.
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
Mon meilleur souvenir est ma première compétition de CrossFit en équipe en septembre 2016.
Mon pire souvenir ce sont mes blessures : tendinite à l’épaule ainsi qu’une tendinite à l’adducteur. À l’époque, j’étais désespérée de ne plus pouvoir pratiquer. Mais ça m’a permis de prendre beaucoup de recul.
Quel est ton prochain objectif ?
Me remettre à la danse et pourquoi pas à la boxe.
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
J’ai déjà pas mal répondu à la question précédemment. J’ai quitté Facebook en partie parce que je ne supportais plus de lire les commentaires mesquins sur des photos d’athlètes féminines « oh le bonhomme, c’est dégueulasse » ou les spécialistes qui savent mieux que les autres ce qui est bon ou mauvais.
J’ai eu l’occasion d’assister mes coachs de CrossFit pendant plusieurs semaines et je m’occupais des femmes qui venaient essayer pour la première fois ce sport. J’ai pu rencontrer des femmes de tout âge et de tout niveau. Cela a été très enrichissant car je pouvais les rassurer vis-à-vis des craintes que j’avais eu moi aussi à mes débuts. J’ai même eu une fois une jeune femme qui n’osait pas faire un mouvement car elle avait peur de passer pour une aguicheuse (alors que tout le monde le faisait sans se préoccuper du voisin). Nombreuses étaient celles qui me disaient : « non mais ça je peux pas le faire ! » Et quand elles y arrivaient, j’étais aussi fière qu’elles.
Aujourd’hui on voit sur les réseaux sociaux des nanas hyper bien foutues qui s’affichent un ventre plat, des abdos, des fesses rebondies, des cuisses parfaitement dessinées… Ça m’a fait regretter mes excès, mon reflet et même ma morphologie. Et puis un jour j’ai eu un déclic. J’ai réalisé que ma priorité n’était pas de manger une feuille de salade et culpabiliser au moindre excès pour avoir un ventre parfait.
Les femmes aujourd’hui doivent être des working-girls indépendantes, être sexy, souriantes, avoir une vie sexuelle trépidante, ne pas être trop exigeantes avec les autres mais surtout avec elles-mêmes, manger healthy, s’épiler le moindre poil, être une bonne mère, pas le droit aux rides et cheveux blancs, pas de vergetures, un sourire bright, bref la liste est longue. Et bien moi, j’ai décidé de faire ce que je peux avec le maximum de plaisir. Peu importe la taille de mes quadriceps, mon ventre et mes complexes. Tant que je kiffe mes séances et que mon mari m’aime c’est le principal.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Aimez-vous ! Le sport c’est un exutoire, vous retrouverez confiance en vous en atteignant des objectifs. Fixez-vous des objectifs faciles à atteindre puis devenez de plus en plus ambitieuse, vous verrez à quel point c’est gratifiant.
Tout est faisable tant qu’on prend son temps. Alors foncez !!!