Je suivais Ly sur Instagram, ces expériences sportives m’ont inspiré et son évolution en terme de challenge sportif m’épatait. Du coup, je lui ai demandé si elle était d’accord pour échanger à ce sujet. C’est une femme engagée pour l’égalité femme / homme, une femme avec des valeurs fortes. Voici son portrait, Let’s Go Girl !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Je fais essentiellement de la course à pied (3 à 4 fois par semaine) et un peu de salle et du yoga. J’ai commencé sur route mais depuis ces dernières années, je participe à de nombreux raids et trails. J’habite à Paris, mais dès que je peux, je m’échappe pour courir de longues distances en montagne ou à l’étranger.
J’aime les efforts longs, les longues distances. Je suis une contemplative, j’aime prendre le temps de sentir ce qui m’entoure et de vivre pleinement la course. C’est un peu comme un voyage intérieur.
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
À l’âge de 6 ans mes parents m’ont inscrite à la gymnastique. J’en ai fait pendant 4 ans, un peu pour faire plaisir à mes parents, mais aussi parce que c’était, pour moi, un moment de récréation. Petite, j’étais très bagarreuse, du coup mes parents m’ont inscrite au karaté (mon frère en faisait déjà) à l’âge de 10 ans. J’ai pratiqué ce sport jusqu’à mes 16 ans et même en compétition au niveau régional. J’adorais ce sport pour l’adrénaline avant de monter sur le tatami, le côté jeu et performance.
« Pendant mon adolescence, le karaté m’a forgé un caractère, m’a donné confiance et a développé mon mental. »
Puis je suis rentrée en Terminale, j’ai commencé à avoir d’autres centres d’interêt et je manquais de temps, j’ai donc arrêté le karaté. Pendant toutes mes études, je n’ai presque pas fait de sport.
À 24 ans, je rentre dans la vie active, un an plus tard je deviens mère. Après l’accouchement de mon fils, je ne me sentais plus très bien dans mon corps, j’avais besoin de me le ré-approprier. Je me suis donc mise à la course à pied parce que c’est un sport facilement accessible, sans contrainte horaire.
À 29 ans, j’entends parler du Raid Amazones (course à pied, VTT, canoë, course d’orientation), j’ai eu envie de me challenger et grâce à mon entreprise de l’époque, j’ai été sponsorisée et je suis partie au Kenya. J’ai découvert un monde sportif, des femmes surentraînées, des championnes du monde de raid comme Karine Baillet, et d’autres femmes comme moi qui venaient pour se dépasser sans plus. Ce fut une révélation, je l’ai fini avec fierté et je suis revenue gonflée à bloc.
J’ai continué sur cette lancée, je me suis réinscrite l’année d’après et j’ai commencé à courir pour moi. La course à pied était un défouloir et cela m’a permis de faire le tri dans ma vie pendant une époque un peu compliquée.
À 35 ans, je décide de vouloir revivre ce Raid Amazones qui m’a tant aidé. Je l’ai fait avec un entraînement spécifique, je me suis fait accompagnée par un coach, j’avais envie de vivre à fond ce raid physiquement. Et après celui-ci, j’ai gardé cette hygiène de vie, j’ai enchaîné les challenges : le raid de la Saharienne, le marathon de Paris, la SaintéLyon (72 kms), l’Ecotrail (80 kms), le Finland Trophy, etc.
Les derniers raids auxquels j’ai participé (Finland Trophy, Défi d’Elles) se sont faits au profit de la fondation « Keep A Breast » qui lutte contre le cancer du sein. Je suis en pleine réflexion sur ma façon de vivre la course à pied, comment me challenger en mettant du sens dans chaque course. Je pense réduire les défis et les choisir par conviction en les liant à des associations et des causes qui me tiennent à coeur (comme l’éducation des filles dans le monde ou l’égalité homme / femme).
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
Pour mes sorties quotidiennes, je cours le long du canal Saint Martin à Paris, c’est un parcours très roulant et la coulée verte (qui va de Bastille au bois de Vincennes).
Quand j’ai besoin de travailler du dénivelé, je vais au parc de Saint Cloud, j’adore cet endroit. Il est si majestueux et paisible. C’est ma bouffée d’oxygène à Paris. Je le recommande à tous les traileurs parisiens !
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
Le raid m’a permis de me révéler à moi-même. Quand je cours aujourd’hui, c’est mon moment à moi. Je commence par faire le vide, j’évacue, je ne pense plus à rien, ensuite j’organise mes idées, je priorise, je range dans ma tête. Puis un bien-être apparait, je profite de l’instant présent avant de sortir de ma bulle et de me reconnecter à la vie active.
« La course à pied m’aide à structurer ma vie. C’est mon moment de détente et mon équilibre au quotidien. »
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
Je viens de faire la MCC, une des courses sur l’UTMB, j’y suis allée un peu au dernier moment, sans préparation, sans entraînement, sans pression. Je voulais découvrir la région de Chamonix et l’ambiance de l’UTMB. C’est la première fois que ça m’arrive, d’habitude je prévois, je m’entraîne en conséquence, et là je suis partie sans montre. J’ai écouté mes sensations, mon corps, comment se sentait mes jambes. Et j’ai adoré, je me suis sentie hyper bien, mon corps a compris ce que je lui demandais. J’ai retrouvé tout de suite mes réflexes, ma foulée. J’ai profité de la course malgré la technicité du parcours. Un pur moment de kiff pendant les 40 kms et 2 300 mètres de dénivelé. J’ai complètement lâché prise sur cette course.
Grâce au sport, je suis plus indulgente avec moi-même, j’accepte les échecs, j’apprends à lâcher prise et je me suis réconciliée avec mon corps. Le sport m’a aidé à accepter qui j’étais et à me découvrir et je m’en rends vraiment compte avec cette course.
Le sport n’est absolument pas une finalité en soi. Je sais qu’il peut paraître futile pour certains. Or, je trouve que c’est un outil puissant de résilience et d’apprentissage de soi. C’est un moteur incroyable pour avancer et gagner en confiance en soi. Le sport m’a vraiment accompagné et m’accompagne toujours dans les moments touchy de ma vie. Il m’aide à remettre les choses en perspective et à leur juste place. C’est un pilier de ma vie.
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
Le premier Raid Amazones a joué un rôle fondateur dans ma pratique de sportive. C’est un des évènements clefs. J’ai adoré la Saharienne au Maroc. C’était un moment sportif extraordinaire, hors du temps parce que c’était dans le désert et parce que j’étais en symbiose totale avec Alicia, ma co-équipière. Les 80 kms de l’Ecotrail de Paris restent un souvenir fort. Cette course, seule, m’a beaucoup émue, j’étais fière de moi, l’arrivée à la tour Eiffel était magique. Et plus récemment, la MCC m’a donné tellement de plaisir que finalement je ne sais pas quel souvenir choisir.
J’aime ce mantra qui dit « Soit on gagne, soit on apprend. » Je n’ai donc pas de pire moment. Même si une course a été catastrophique, j’en ressors grandie, j’en retire toujours quelque chose de positif.
Quel est ton prochain objectif ?
Mon prochain objectif est le marathon de New-York avec un projet associatif « 42 kms pour 42 patientes ». Avec mes amies raideuses, Christelle, Amélie et Alicia, nous allons dédier ce marathon à la fondation « Keep A Breast » et la clinique Aquitain du sein. Chaque kilomètre est dédié à une patiente atteinte d’un cancer du sein.
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
Non, je n’ai jamais eu de problème en tant que femme. En revanche, je trouve dommage que les femmes ne soient pas beaucoup représentées sur les courses longues distances (- de 10% de femmes).
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Osez. Faites vous confiance, vous êtes capables de faire du sport, n’écouter pas les autres ou cette petite voix qui vous rabaisse. Allez-y sans vous poser trop de question et vous en sortirez encore plus fortes !