Avec Élodie, nous avons siroté un Perrier en terrasse dans le quartier de la Butte-aux-cailles pendant son interview. Nous avons parlé du corps, de confiance et de course à pied. Let’s Go Girl !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Je pratique le running et le cycling (une à deux fois par semaine pour chaque activité), la boxe thai (une fois par semaine). Je vais parfois à des cours collectifs type body pump pour le côté muscu.
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
Vers 7 ans, ma mère m’a inscrite à la danse. J’étais une enfant à part, je pense que ma mère voulait me permettre de m’intégrer au travers d’une activité physique. Sauf que mon physique plus rond que les autres petites filles filiformes ne collait pas, le regard des autres m’a traumatisé. Suite à cet épisode humiliant, j’ai fais très peu de sport, un peu de surf l’été quand j’étais adolescente. Mais pour moi, je n’étais pas sportive et je n’ai pas ressenti le besoin d’en faire pendant des années.
J’ai vraiment commencé le sport en 2012 avec le running, après avoir rompu avec mon fiancé avec qui j’étais depuis six ans. J’avais besoin de me prouver des choses, et peut-être aussi à mon ex. Je devais m’estimer à nouveau, reprendre possession de mon corps et de mon être tout entier. Courir était une vraie soupape pour moi à ce moment-là, même si les débuts étaient compliqués. J’étais incapable de courir plus d’un km au début. J’augmentais mes distances d’un km au fur et à mesure des semaines.
En 2013, j’ai couru ma première course de 10 kms. En parallèle, j’ai pratiqué le dancehall pendant deux ans, ce qui m’a permis de laisser mon corps s’exprimer sans avoir peur du regard des autres, de me lâcher et de me réapproprier ce corps que j’avais complètement abandonné. En 2015, j’ai déménagé à New York, j’ai intégré l’équipe running de Nike New York. J’ai effectué en juin 2015 une course de 15 kms à Toronto, participé à des événements sportifs incroyables. Puis j’ai couru mon premier semi et mon premier marathon en 2017.
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
Pour le running, rien de mieux que les parcs (notamment le parc de Sceaux) et d’une bonne piste d’athlétisme.
Pour la boxe, je pratique en club à Morangis et à Grigny dans l’Essonne.
Pour le cycling, je pratique chez Dynamo. Je suis addict, si je m’écoutais j’irai vraiment tous les jours. Je pense que c’est un combo musique + énergie qui fonctionne beaucoup sur moi. La musique occupe une grande place dans ma vie et elle occupe aussi une place importante dans mes séances de sport. Je ne jure quasiment que par les sessions de Cyril, qui est un vrai ami mais surtout danseur à l’Opéra de Paris et coach. Il me pousse toujours au-delà de ma zone de confort.
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
« Dès le début, le sport a été ma thérapie, c’est une vraie soupape pour moi. »
J’ai un job très prenant, que ce soit en terme de temps ou d’énergie. Je suis hyper investie, mais j’ai besoin de relâcher cette pression pour trouver mon équilibre. C’est ce que me permettent mes activités sportives. En ce moment, c’est dans la boxe que j’évacue tout.
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
Oui, clairement. Le sport m’a permis de reprendre confiance en moi, de voir que j’étais capable d’accomplir des choses dont je me sentais incapable.
En me mettant au sport, je me suis rendue compte que c’est quelque chose de vital pour moi. Que si j’avais fais du sport avant, j’aurais pu vivre différemment des moments compliqués de ma vie. Au-delà d’améliorer ma condition physique, ça permet aussi de se confronter aux autres et ça change le rapport au monde.
Pour moi aujourd’hui, le sport fait partie intégrante de mon quotidien, je commence à ressentir du plaisir. Je n’ai pas d’objectif important, je ne cherche plus la performance mais plutôt mon bien-être.
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
Mon meilleur moment a aussi été le pire : il s’agit de mon premier marathon en 2017, celui de Paris. Je m’étais entrainée l’hiver, sauf que le jour du marathon, chaleur exceptionnelle. J’en ai énormément souffert, et sur les 10 derniers kms, je me voyais mourir. Je n’arrivais plus à courir. Avant les 500 derniers mètres, j’ai aperçu mes sœurs et mon coach, je me suis effondrée par terre. Mon coach m’a relevé et on a terminé ensemble.
Mais j’étais tellement fière d’avoir fini, de faire partie de ces 20% de femmes présentes ce jour-là. Un de mes meilleurs souvenirs sportifs restera aussi le semi-marathon de New York que j’ai fait cette année, j’ai été tirée au sort et c’était un rêve pour moi. C’était une course magnifique et j’étais tellement émue à l’arrivée.
Quel est ton prochain objectif ?
J’aimerai faire le marathon de New York en 2019.
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
Je n’ai pas trouvé qu’il a été difficile de commencer. Ce qui est difficile, c’est qu’on te met tout de suite dans une case ou en compétition vis-à-vis des autres. Surtout entre filles, je trouve que l’ambiance peut vite virer à la compétition malsaine.
J’ai remarqué une vraie différence entre les US et la France : j’ai beaucoup plus d’ami.e.s sportives à NYC qu’à Paris où je m’entraine davantage avec des garçons. À Paris, il faut tout de suite montrer que t’es la meilleure, la plus rapide, surtout dans certains running crews. A NYC, à l’entrainement, tous les groupes de niveaux s’entrainent ensemble, les premiers terminés attendent les derniers, même s’il est tard. Il y a des personnes de tout physique, toute corpulence. Personne ne remet en question ta capacité à être sportive parce que tu es plus grasse qu’une autre. J’ai beaucoup de mal à gérer le regard des autres en France, que je trouve beaucoup plus présent.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Il ne faut pas se mettre la pression, ni vouloir performer à tout prix. La patience est la plus grande des vertus ! Il faut y aller petit à petit, dites vous que se motiver est déjà une grande étape.
Il y a aujourd’hui de multiples façons de faire du sport. Si vous n’êtes pas à l’aise au début, prenez deux ou trois séances avec un coach qui saura vous guider vers des entrainements adaptés pour vous. Entourez-vous des bonnes personnes, l’échange, ça fait aussi progresser et ça nous challenge.