Cécile est une femme qui, après 4 maternités, s’est lancée dans une aventure folle : le marathon de New-York. Le virus s’est emparé d’elle, et marathon après marathon, c’est aux ultras qu’elle s’est attaquée. Une femme inspirante, une femme extraordinaire qui a d’ailleurs un site de running. Let’s Go Girl !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Je cours (je me suis d’ailleurs inscrite en club en septembre 2018), je fais du vélo mais uniquement sur un vélo d’appartement parce que j’ai trop peur de l’accident. Je suis pas mal de sportifs et les chutes sont légions avec des cas plus ou moins graves. Ça me file la trouille !
J’ai une routine de yoga, c’est d’ailleurs ma grande résolution : prendre plus de temps pour pratiquer et retrouver un semblant de souplesse.
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
Avant de devenir mère, je ne faisais absolument pas de sport. Je trouvais ça abstrait, je ne comprenais pas pourquoi les gens couraient ou allaient nager. J’ai donc commencé le sport après ma 3 ème grossesse pour perdre les fameux 5 derniers kilos. Je suis allée voir un nutritionniste et j’ai commencé à faire de la gym devant ma télé avec Cindy Crawford. J’avais trois enfants en bas âge et le papa passait la semaine à 300 kms de chez nous. Je ne pouvais pas aller en salle, je ne pouvais pas courir à l’extérieur non plus, la vidéo à la maison était la seule solution viable dans le temps. Mais bon, ça a duré le temps de récupérer ma ligne !
Quelques années plus tard, je me retrouve embarquée à mon insu dans le Raid Amazon. Là, panique totale, on doit courir, nager, pédaler. Je commence la course à pied et à ma grande surprise, j’adore ça. Dans l’emballement général, je me lance le défi d’aller courir le marathon de New York mais pas avant mon 4ème accouchement. C’est presque un an après la naissance de mon quatrième enfant que je vais rechausser mes baskets et que tout a réellement commencé. Je fais la course La Parisienne, le semi-marathon de Paris, le marathon de La Rochelle. Puis le marathon de New-York et je décide de faire 7 marathons sur 7 continents en 80 jours. Ce projet m’a permis de rencontrer beaucoup de monde et de devenir la première française à rentrer dans le Seven Continents Club.
Puis, je fais les 100 Kms de Millau, et je me suis dis que tout était possible : Marathon Des Sables, UTMB etc .
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
Je sais que ce que je vais répondre va faire hurler les puristes et les plonger dans un abime d’incompréhension mais il se trouve que je m’entraîne surtout dans ma cave. J’ai un tapis, un vélo d’appart, un banc, une échelle suédoise… Bref j’ai une vraie petite salle perso que j’ai équipé au fil des années avec des promos ou de la récupération comme pour l’échelle qui vient d’un cabinet de kiné parti à la retraite.
J’ai la télé et je suis capable de courir devant une série pendant des heures. En fait, je mets le nez dehors uniquement pour les courses ou presque. J’habite à la campagne et pourtant je n’ai pas de chemin vraiment accessible facilement à proximité. Je n’ai pas de stade non plus, le premier est à plus de 20 kms. J’ai pris cette habitude quand les enfants étaient petits pour pouvoir m’entraîner tout en restant à leurs côtés et c’est resté. Je me suis entraînée en club pendant une année mais question logistique c’était vraiment trop compliqué pour être viable dans la durée. Je suis seule la semaine avec les enfants, difficile de toujours les faire garder. Mais cela commence à changer, mes enfants grandissent et je me suis inscrite en club d’athlétisme cette année. Je vais donc sortir prendre l’air !
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
Avant toute chose, c’est un moment à moi, mon moment égoïste. J’ai ça et le cinéma ! Evidemment, soyons parfaitement honnête, ça m’aide aussi à pouvoir continuer à manger ce que je veux ou presque, même si avec les années qui passent et la ménopause qui commence à pointer le bout de son nez, ça devient moins évident.
En réalité, ce n’est pas au quotidien que le sport m’apporte le plus mais plutôt lorsque je prends un dossard, parce que je m’arrange toujours pour allier ça avec un voyage ou des paysages à couper le souffle. Chaque séance de sport fait partie d’un plan pour atteindre un objectif de course. C’est vraiment dans ces moments-là que je me félicite d’avoir eu le courage de me lancer dans l’aventure.
« Pour moi, il existe une notion de plaisir importante dans le sport, même si mes défis peuvent paraître un peu dingues, c’est ça qui me guide. »
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
J’ai toujours détesté le sport et j’ai béni le médecin scolaire de m’avoir dispensé pour toutes les années lycée. Alors forcément ce fut une vraie surprise pour moi. Aujourd’hui je prends du plaisir à m’entraîner, à courir, à atteindre mes objectifs.
Ce que cela a changé sur moi, ce sont plus les choses à côté, les effets secondaires. Je rêvais de voyager mais je n’osais pas partir seule. Aujourd’hui grâce à mes courses, je vais à l’autre bout du monde parfois, dans des endroits de dingue où jamais je n’aurais osé mettre le bout de mon pied seule. Et puis il y a les livres… Si on m’avait dit qu’un jour, je pourrais inscrire mon nom sur un ouvrage ! Ce qui est assez drôle c’est que j’ai un jour discuté avec mes amis d’enfance, celles qui m’ont connue à 12 ans. Elles m’ont avoué que pour elles j’allais être un peu la « Alexandra David-Neil » du groupe, à notre petit niveau évidemment, alors que moi je ne me voyais pas du tout comme ça.
« Il faut croire que finalement le running a fait de moi la femme que je devais être. »
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
Faire un choix est vraiment très compliqué pour moi. Le meilleur, disons le plus dingue ça restera à jamais l’Antarctique. J’ai eu la chance inouïe d’aller y courir deux fois et je suis tombée amoureuse de l’endroit. J’ai quand même couru au milieu des icebergs avec les manchots pour m’encourager !
Le pire… La liste est trop longue ! Tous mes abandons restent des blessures ouvertes. J’avoue le côté « on apprend toujours de ses échecs », machin tout ça… Moi ça me passe totalement au-dessus, je les ai tous très mal vécu. Enfin pas tous non plus, j’en ai deux totalement acceptés parce que j’ai très vite compris que j’avais eu les yeux plus gros que le ventre et qu’à un moment, il faut savoir accepter de ne pas être à sa place.
Quel est ton prochain objectif ?
J’ai plusieurs dossards prévus pour terminer l’année mais le plus important reste l’UTMB d’Oman. La célèbre course de Chamonix s’est associée à deux courses existantes en Chine et à Oman. Je commence donc par celle-là en ayant en tête d’aller du côté de la Chine l’année prochaine aussi. Enfin, on va d’abord voir comment se passe la première et en fonction de ça, je m’organise pour trouver les fonds pour pouvoir faire la suivante.
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
Je voudrais bien dire que les choses ont changé depuis que j’ai commencé mais je n’en suis même pas vraiment sûre. Bon le pourcentage de femmes au départ des courses a clairement augmenté ces dernières années mais la France est encore très en retard. Prenez le marathon de Paris qui peine à atteindre 25% de femmes au départ alors que sur tous les marathons américains, la parité est respectée et il y a même parfois plus de femmes que d’hommes.
J’avoue j’ai aussi du mal avec cette obligation morale qui fait que les courses pour femmes doivent être forcément pour une cause… Je ne peux pas courir pour mon propre plaisir ? C’est bien de donner mais tu n’es pas obligé de prendre un dossard pour ça et pourquoi les hommes n’en font pas autant ? J’entends toujours régulièrement des phrases comme « mais ton mari, il court non ? » comme si c’était une obligation ou pire « mais il te laisse courir seule ? ». Eh oh, on est en 2018 les filles ! J’ai le droit de vote, de travailler sans demander l’autorisation et le droit d’ouvrir un compte en banque aussi ! Tout ça pour dire que même si les choses avancent, on n’est pas encore sorti du sable comme je me plais à le répéter.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Je ne fais pas du prosélytisme pour ma paroisse, le running c’est top mais ça n’est pas forcément pour tout le monde. Une chose est certaine, il y a forcément un sport fait pour vous. Il faut donc prendre le temps de tester, de chercher pour trouver celui dans lequel vous allez vous épanouir, qui sera source de bonheur, qui vous apportera le petit quelque chose en plus à votre vie. Vous avez des capacités en vous que vous ne soupçonnez pas.
N’essayez pas de vous comparer aux autres, vivez votre sport pour vous et uniquement pour vous. Arrêtez de suivre des filles qui vous filent des complexes sur les réseaux sociaux parce qu’elles affichent leurs abdos saillants, ne suivez que des personnes auxquelles vous pouvez vous identifier réellement. Ou mieux ne suivez personne, la seule personne qui doit vous inspirer, c’est vous-même. Et le sport peut vous aider à devenir la femme que vous êtes vraiment !