Clivia est une de ses rencontres qui chamboule. Elle est arrivée au parc Monceau pétillante et avec un sourire en coin qui en disait long. Pendant notre interview, nous avons discuté de beaucoup de choses, de sport bien sûr mais aussi de doute, de force et de liberté. Let’s Go Girl !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Principalement de la course à pied. En général, je fais trois à quatre séances par semaine. J’essaye aussi de sortir mon vélo régulièrement et d’aller à la piscine quand je trouve du temps. Pour me motiver, je me donne des échéances, parfois des triathlons.
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
J’ai commencé en février 2015. Pendant mes études de journalisme, j’avais choisi de prendre un sujet concernant la « Boost Battle Run » (qui s’appelle aujourd’hui « Adidas Runners Circuit »). En creusant, j’ai trouvé le concept intéressant et comme je déménageais à côté j’y suis allée.
C’est sûrement cliché mais à l’époque j’étais à une période de ma vie où tout changeait. J’arrivais au bout d’une histoire d’amour et je franchissais un nouveau cap dans ma vie d’étudiante.
« Bref, j’ai vu dans le fait de me mettre à faire du sport, une façon de me libérer de tout ce poids que je portais sur les épaules. »
Métaphoriquement, découvrir que j’étais capable m’a permis d’aller de l’avant.
Ma première fois dans la Boost, c’était hyper dur, et en même temps ça m’a captivé. Je me suis dis « ah, j’ai fait 7 bornes. » Pour moi c’était ouf et l’aspect communautaire m’a plu tout de suite. Lors de cette première fois, j’ai réussi à faire ces 7 bornes parce que j’étais accompagnée par une fille qui ne m’a pas lâché. Ça m’a donné envie de partager d’autres moments comme celui-ci avec des gens que je ne connaissais pas. Et aujourd’hui, je peux endosser ce rôle de soutien et c’est tellement gratifiant. Donner confiance à quelqu’un comme on l’a fait pour moi, c’est une nouvelle raison de faire du sport.
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
La plupart du temps dans Paris (j’ai des parcours spécifiques avec la Boost). Parfois dans les forêts alentours, quand je pars faire des sorties trail avec les copains. Je ne cours pas dans Paris uniquement par nécessité. Cette ville me fait chavirer le cœur, courir dans ses rues, autours de ses places, sur ses quais me fait vibrer. Il n’y a rien de plus beau que le coucher de soleil sur la passerelle Simone de Beauvoir.
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
Le sport me permet d’avoir un certain équilibre, de me canaliser notamment par rapport à la nourriture.
Je manque cruellement de confiance. Depuis toujours. Le sport m’apporte ça, parfois je doute et c’est difficile mais la plupart du temps ça me rend heureuse, forte et libre. Cette sensation vaut tout, prévaut sur tout.
« Le sport me permet d’être fière de moi et de me rendre compte que je suis capable d’accomplir des objectifs que je me suis fixée. »
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
J’ai toujours pensé que je n’étais pas sportive. Sûrement parce que chez moi on est chanteur, musicien, danseur ou peintre, mais pas sportif. Personne ne me l’a jamais interdit, mais il y avait probablement une forme d’auto-censure. Pourtant, dans ma scolarité, j’ai toujours été une bonne élève en sport. J’étais une tueuse au tennis de table et au volley, en revanche, sur une piste d’athlétisme, j’étais une catastrophe.
Et pourtant j’ai choisi de courir. Sûrement aussi, parce que je n’entrais pas en compétition avec mes sœurs sur ce terrain. Non pas qu’elles l’aient cherché, mais invariablement, on nous compare pour tout, tout le temps. La course, c’est mon espace et mes proches sont très fiers de moi, quoi que je fasse.
Sur moi-même, le sport fait partie d’un long travail de résilience (de reconstruction), un processus lent de « recovery » comme disent les fluent english. Mon corps a toujours été mon ennemi. Je ne dis pas que ce n’est plus le cas, mais il est aussi mon partenaire. J’ai arrêté de dissocier ma psyché de mon corps et c’est grâce au sport. J’ai compris que je ne pourrais pas progresser sans compter sur lui. J’ai un regard dur sur mon corps, avec le sport je me suis rendue compte que j’avais besoin de lui. Quand je cours, je suis dans l’effort, je me sens légère, j’ai un poids en moins > je suis en harmonie avec mon corps.
Aujourd’hui, avec le sport, j’arrive à prendre chaque réussite pour ce qu’elle est.
« J’accepte d’être fière de ce que j’accompli dans ma pratique sportive. »
Bref, aujourd’hui je suis fière de me définir comme sportive.
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
Le pire souvenir sportif, c’est lorsque j’ai préparé un 10 kms assidûment et, le jour J, tout est allé de travers. Le chaleur était écrasante, j’ai manqué de m’évanouir dès le troisième kilomètre et je termine dans la souffrance, à 6 minutes de l’objectif fixé. Plus qu’une déception sportive, j’ai vécu cette course comme un échec personnel.
Le meilleur moment ? C’est difficile de faire une sélection. En vrac, le jour où ma mère est venue m’encourager sur le bord de la route et la fierté que j’ai lu dans son regard ; le semi de Paris 2017 sur lequel, malgré les conditions, je passe un excellent moment ; cette sortie trail en juillet 2016, la première, où je boucle 24 kms et 1000 D+ ; la fois où j’étais lièvre pour une amie et qu’elle a réussi à battre son record. Bref, une infinité de moments heureux.
Quel est ton prochain objectif ?
J’avais deux objectifs que j’ai réalisé ces derniers mois : j’ai battu mon record sur 10 kms début février en le faisant tomber à 46’43 pour une ancienne marque à 49’27 :D. Je suis aussi venue à bout de la Saintexpress (44 Kms) en 6h31 minute et c’était juste incroyable ! En revanche, niveau préparation, j’ai pas été aussi assidue que j’aurais dû l’être et je n’ai pas vraiment augmenté mes volumes ou travaillé le dénivelé haha.
Mon prochain objectif est le Marathon de Paris pour lequel je suis une vraie préparation.
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
Je ne pense pas que ce soit plus difficile pour moi. En revanche, les femmes sont soumises à plus de pression sur leur pratique sportive. Plus de moqueries déjà (« ah ouais tu fais des semi-marathon toi ? »), de condescendance, aussi, parfois. Comme pour tout dans la société patriarcale actuelle, on demande plus aux femmes de prouver leur valeur. Elles ont besoin de plus de force pour s’imposer. Mais tout n’est pas si noir, il y a de vrais belles valeurs sportives, d’entraide et de respect qui passent au-delà du sexe et du genre.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Je n’ai qu’un seul message aux femmes : faites ce que bon vous semble.
1 commentaire sur “Portrait #6 : Clivia”