Marine est une jeune femme timide qui a trouvé dans le sport un pilier, il fait partie intégrante de son quotidien. Elle court et depuis peu elle s’est lancée dans le triathlon. Let’s Go Girlz !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
La course à pied, du trail et de la natation depuis septembre. Le week-end, j’essaie de faire une sortie VTT avec mon compagnon. Pour la fréquence, c’est dans l’idéal, une sortie de course à pied, une séance de natation et une sortie VTT par semaine mais ce n’est pas toujours évident.
L’été, je pratique la randonnée à la montagne ou en forêt car je ressens ce grand besoin de quitter l’Ile-de-France et d’aller profiter de la nature.
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
Au collège et au lycée, j’aimais beaucoup les cours d’éducation physique notamment les sports collectifs et l’athlétisme mais j’avais très peu d’estime et de confiance en moi alors je restais dans ma zone de confort. Je ne voulais pas trop en faire par peur d’être jugée.
À l’université, je me suis inscrite à un cours de Zumba avec des amies. C’était chouette mais la contrainte de temps avec des horaires imposés et le fait que je ne me défoulais pas suffisamment me frustrait. J’ai essayé aussi la boxe mais c’était pareil. Il m’était difficile d’allier sport, études et jobs étudiants, alors j’allais parfois courir dans la forêt pour évacuer, pour me défouler.
En 2017, un soir, j’ai décidé d’aller courir pour évacuer une colère, pour me sentir exister tout simplement. Je me suis sentie libérée d’un poids. J’y suis retournée, encore et encore. Puis je me suis inscrite à une course, ma première course officielle, la Course des Princesses et depuis je n’ai pas lâché mes baskets ! Aujourd’hui, le sport fait partie intégrante de mon quotidien et de celui de mon compagnon. On articule nos week-ends et nos vacances en fonction des courses qui nous intéressent et des défis que nous nous lançons, comme de nombreux sportifs.
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
Au quotidien et par facilité, je cours et roule le long de la Marne ou dans le parc de Noisiel pour ajouter un peu de nature et de dénivelé mais ce que je préfère c’est la forêt de Fontainebleau. On essaie d’y aller le plus souvent possible.
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
Le sport m’apporte une force mentale que je n’avais pas avant. Il me permet d’être en harmonie avec moi-même, de me défouler et de me découvrir. Il m’apporte aussi beaucoup de confiance en moi et de bienveillance. C’est un temps pour moi, c’est mon rendez-vous, bien que j’aime le partager avec mon compagnon.
Le sport est un de mes piliers, je construis ma vie autour et avec lui, il m’apporte un équilibre, sans lui ma vie est brouillon. Sans ma dose de sport, je ne me sens pas bien dans mon corps, dans ma tête, c’est à la fois un moyen de me sécuriser et de me défouler.
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
En commençant le sport, je suis sortie de ma zone de confort, encore plus depuis que je me suis mise à la natation. Je travaille sur le regard des autres et sur la vision que j’ai de mon corps et de moi-même quand je suis en maillot de bain. À présent, je vois mon corps différemment et je l’accepte enfin comme il est. Je ne porte plus le même regard sur moi.
Le sport m’a rendu plus forte physiquement et psychologiquement. Dans la vie, je suis une personne timide et solitaire mais avec des envies et des projets. Grâce au sport, j’ai appris à me faire confiance, à m’écouter, à oser.
Quand je faisais du sport au lycée, je ne trouvais pas ma place de sportive, parce que je ne savais pas qui j’étais, j’avais des barrières, je ne me défoulais pas complètement par peur de casser mes lunettes ou d’être jugée. Aujourd’hui, je suis sportive parce que j’investis dans mes activités physiques, que je m’inscris à des courses et des compétitions, mais je n’arrive pas encore à trouver ma place dans le monde sportif. Je ne fais plus du sport scolaire mais du sport pour m’accomplir, relever des défis, grandir, me construire en tant que femme et en tant que sportive. Le sport m’apporte une meilleure vision de moi-même. Sans le sport, je ne serais pas la femme que je suis aujourd’hui.
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
À chaque fois que je passe la ligne d’arrivée d’une course qui me challenge j’ai les larmes aux yeux. Mais le moment qui m’a le plus ému, c’est mon arrivée au semi-marathon de Paris en 2019, mon premier semi-marathon. Des larmes de joie mêlées à des larmes de douleur à l’arrivée mais une grande fierté d’avoir réalisé cette course. J’ai compris ce jour que j’étais moi aussi capable de réaliser des « exploits ». Je suis sortie de ma zone de confort et j’en suis ressortie plus forte, plus vivante.
Mon pire moment est en ce moment, car je suis blessée au genou. Je me sens frustrée de ne pas pouvoir courir comme j’aimerais, de ne pas pouvoir me lancer dans une préparation alors que les échéances approchent.
Quel est ton prochain objectif ?
La course de 2020 qui me tient le plus à cœur : La Course des Héros. Cette année j’ai décidé de me lancer dans un défi caritatif pour soutenir l’Association Petits Princes. Courir oui mais courir pour des causes qui nous tiennent à cœur et pour ceux.celles qui ne le peuvent pas est une évidence.
Sinon, j’ose enfin me lancer dans le triathlon, en juin prochain avec le célèbre triathlon de Paris, en format S bien entendu.
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
Les seules barrières qui existent sont celles que je m’impose inconsciemment : ne pas être à l’aise avec mon corps et mes performances, me comparer aux autres, ne pas me sentir à ma place, ne pas me sentir sportive à cause du volume horaire des entraînements ou de mon corps. Je me sens parfois comme une imposteure quand je vais retirer mon dossard mais une fois la ligne d’arrivée franchie, j’oublie tout cela. J’ai réussi ma course et c’est tout ce qui compte.
J’ai aussi appris au fur et à mesure qu’il ne faut pas être bloqué sur une
performance (malgré le sport genré au collège et au lycée : il y a des groupes filles, des groupes garçons, il n’y a pas les même objectifs de performance pour les filles et pour les garçons), éviter de se comparer aux autres et ne pas se juger. Chacun a son histoire. Mais ceci est parfois compliqué notamment avec les réseaux sociaux où beaucoup, homme comme femme, ressentent ce besoin permanent de critiquer vitesse, foulée, tenue, choix des courses, etc.
Il faut apprendre à faire la part des choses, courir pour soi et non pour les autres.
Faire du sport pour soi et prendre du plaisir dans sa pratique. Faire abstraction des commentaires qu’on peut parfois recevoir.
Cependant, même si les réseaux sociaux peuvent parfois être oppressants vis-à-vis de l’image que nous pouvons avoir de nous-même, c’est aussi une grande source d’inspiration inépuisable où tu rencontres des femmes et des hommes ou tout simplement des groupes (je pense à l’association Happy Running Crew) qui t’inspirent par leur parcours, leur volonté et leur force. Grâce à ces personnes, certaines de tes barrières s’enlèvent et tu oses enfin :
« Si elle est capable de le faire pourquoi pas toi ? Qu’est-ce qui te retient à part toi- même ? Tout le monde en est capable, toi y compris ! »
Ensuite, je dois avouer que partager une même passion avec mon compagnon et son regard bienveillant sur moi au quotidien, me permet de me dépasser et d’oser davantage. Quand tu doutes ou hésites pendant une course, savoir qu’il est là, qu’il croit en toi, c’est tout simplement un grand soutien.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Osez même si vous avez des barrières, sortez de votre zone de confort. Il y a une multitude de sport, alors n’hésitez pas à essayer, seule ou à plusieurs, à la salle ou en extérieur, dans un club, dans une association ou en autonomie.
À vous de trouver le sport qui vous anime, vous fait vibrer et vous donne envie de vous dépasser. Faites-le pour vous, uniquement pour vous !