Portrait #105 : Estelle

Estelle a commencé le sport en 2016, 3 ans plus tard elle était finisheuse d’un Ironman. Son parcours sportif est impressionnant, sa vision du sport inspirante, Estelle souhaite plus que tout donner envie aux femmes d’oser pratiquer. Découvrez sa passion pour la course à pied, son initiation à la natation et sa nouvelle relation fusionnelle avec son vélo. Let’s Go Girlz !

Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?

Je pratique le triathlon qui enchaîne 3 disciplines : la natation, le vélo et la course à pied. Je pratique tous les jours, notamment quand j’ai des grosses compétitions.

Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?

J’ai peu de souvenir sportif de mon enfance ou mon adolescence. Je pratiquais l’EPS – dont je garde de mauvais souvenirs – à l’école. Je me suis inscrite une année au waterpolo, mais j’ai vite arrêté parce que ça m’a pas plus motivée. J’étais plutôt la tête dans les bouquins, le sport ne faisait pas partie de mon univers.

J’ai commencé le sport en 2016, j’étais directrice d’un restaurant et avec l’équipe nous ne sortions jamais la tête de l’eau. Sur un coup de tête, nous avons choisi un coach sportif du quartier pour faire quelques exercices de remise en forme pendant les coupures de l’après-midi. Tout le monde a abandonné au bout de quelques jours, sauf moi ! J’ai vite pris goût à la course à pied sur tapis et je me suis inscrite au bout de quelques mois à ma première course : les 20 km de Paris. Je me suis sentie libre et autonome pendant cette course, je n’avais jamais rien accompli avec mon physique, et là, grâce à moi je réussis à finir une course officielle de 20 km. J’ai enchaîné avec le marathon de Paris, puis j’ai pris des cours de natation et j’ai acheté un vélo pour laisser mon corps se reposer après cette année intense de course à pieds. Et c’était parti pour la découverte du triathlon et l’inscription dans le club de ma ville.

Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?

Il y a tellement de lieux différents, je suis licenciée au club de Levallois Triathlon et grâce à mon club, j’ai la chance de vadrouiller un peu partout en France pour participer à des compétitions, des stages, des entraînements… Mais mon endroit préféré pour m’entraîner c’est chez moi en Bretagne !

Mon spot favori : Saint-Lunaire à côté de Saint Malo. Je peux aller nager en mer, courir le long de la plage à Longchamps et aller rouler sur la côte. Que de paysages sublimes !

Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

Le sport m’apporte le sourire et un bien être intérieur intense. Il m’a donné envie de vivre, de me libérer des limites que je m’étais fixée.

J’ai la chance de pratiquer 3 disciplines complètement différentes et de pouvoir changer les plaisirs tous les jours. Ce sport me procure à chaque fois un moment où je me retrouve avec moi-même, où je vis l’instant rien que pour moi et où je me prouve à chaque fois ce que je suis capable de faire.

Après chaque séance, je me sens revivre. Libérée de tous mes petits soucis et comme j’aime souvent le dire simplement : je kiffe. Il y a une entière satisfaction personnelle qui me donne une énergie débordante et qui me rend presque invincible. J’ai confiance en moi, je sais que je peux tout faire seule, que je suis capable d’accomplir ce que je veux.

Le sport c’est aussi le partage, j’ai rencontré énormément de personnes, j’ai lié de réelles amitiés avec des gens de mon club de triathlon. Ma famille aussi s’est mise au sport en me voyant évolué, elle est investie dans mes compétitions, elle me suit et me soutient.

Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?

Oh que oui ! Et j’en suis la première étonnée. Je n’ai jamais été sportive étant plus jeune. Je n’aimais pas le sport à l’école et je n’ai pas été élevée dans une famille où le sport avait une place importante. Je détestais les cours d’EPS et je n’en comprenais pas l’intérêt. J’étais une intellectuelle studieuse. Le sport pour moi n’avais pas de place dans ma vie. J’étais heureuse et je ne voyais pas ce qu’il pouvait m’apporter. Je n’avais pas de problème de santé et j’étais épanouie, alors pourquoi faire du sport ?

Quand j’y repense aujourd’hui, ça me fait sourire. Ma vision a tellement changé. Je suis devenue triathlète, je fais du sport presque tous les jours et quand je n’en fais pas, je ressens le besoin d’aller chausser mes baskets. Je me suis inscrite dans un club de triathlon et je participe à des courses dont je ne connaissais même pas l’existence il y a encore 3 ans.

Je me suis redécouverte. J’ai réalisé que j’étais capable de réussir quelque chose d’autre qu’avec mon cerveau ! Le sport me procure de la joie intérieure, de la fierté et un bien être maximum. Je deviens une autre femme, plus joviale, plus sûre d’elle, plus avenante, plus forte et indépendante. C’est devenue un élément important pour mon équilibre. Cela se traduit aussi dans ma vie de tous les jours, j’ai osé changer de métier et je crois en mes rêves.

Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?

Mon meilleur moment sportif, c’est mon Ironman en juin 2019 à Nice. Je réalisais une course au format un peu fou : enchaîner 3,8 km de natation en mer, 180 km de vélo et un marathon sous la canicule niçoise. C’était intense en émotions, avec ma famille et mes amis en supporters sur place. Une course qui a duré 13h ! Je me souviens de chaque minute, de chaque étape, de chaque sensation. Je passe la finish line avec la voix du speaker « Estelle, you are an Ironman », rien qu’en y repensant, j’en ai des frissons. L’un des meilleurs moments de ma vie. J’avais réussi à faire cet exploit alors que je ne faisais pas de sport deux ans auparavant. A force de persévérance, d’entrainements et de confiance en soi, tout est possible.

Pour l’instant je n’ai pas de mauvais souvenir sportif. Je prends du plaisir à chaque course, différemment à chaque fois même si la course ne se passe pas comme prévu. Il m’est arrivé de tomber de vélo pendant un triathlon, sur mon spot préféré d’ailleurs, au triathlon de Saint-Lunaire. Ça aurait pu être le pire moment. Mais l’entraide sportive m’a permis de me relever, l’esprit de compétition est revenu très vite. J’étais blessée au genou, à la main, je suis remontée sur le vélo et je ne me voyais pas faire autrement. Aller jusqu’au bout, au mental s’il le faut.

Quel est ton prochain objectif ?

Le Frenchman XXL (format Ironman) à Hourtin. Prévu fin mai, il a été reporté en octobre prochain suite au Covid19. Ça laisse un peu plus de temps pour s’entraîner et se donner une mission supplémentaire : réaliser la course en moins de 12 heures.

En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?

Je n’ai pas l’impression. Bien au contraire, j’ai le sentiment que les femmes sont appelées davantage à pratiquer une discipline quelle qu’elle soit. Au moment de l’inscription à mon club, il recherchait principalement des femmes et leur donner la priorité aux inscriptions.

Dans les compétitions, les femmes sont de plus en plus nombreuses. Le triathlon s’est beaucoup développé même si la population masculine reste majoritaire. A Nice, nous étions 200 femmes sur 2000 participants, il y a encore du travail pour faire venir les femmes au triathlon mais on est sur la bonne voie. Nous sommes capables autant que les hommes, j’essaye de donner envie aux femmes d’oser courir, nager, rouler.

Je ne redoute pas le regard des autres, je ne vois pas pourquoi je devrais être gênées de faire du sport et d’être fière de ce que j’accomplis. J’ai au contraire envie de montrer que tout est réalisable, femme ou pas.

Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?

Mesdames, arrêtez les apriori. Le sport, ça s’apprend, ce n’est pas réservé à une catégorie de personnes. Vous pouvez tout accomplir à partir du moment où vous croyez en vous. Rien n’est impossible, il faut juste vous en donner les moyens et y prendre un maximum de plaisir.

Personne n’aurait imaginé un jour que je prenne le départ d’un Ironman, encore moins que je le finisse, avec le sourire et en sautant de joie, c’était impensable. Mais je l’ai fait. Et je ne suis pas doté d’un pouvoir surnaturel. J’ai cru en moi, je me suis donnée les moyens de réussir. 

Le sport n’est pas réservé aux hommes ou aux femmes qui en font depuis des années, ou aux femmes sveltes et maigres. Ce ne sont que des préjugés. Le sport est un moyen de décompresser et de prendre du plaisir personnel, peu importe le sport, peu importe le niveau. Donnez vous un objectif, peu importe l’envergure, et allez jusqu’au bout. Vous verrez vous ne serez plus la même et vous aurez envie d’en faire toujours plus.

Par exemple, vous ne vous croyez pas capable d’enfiler vos baskets et d’aller courir ? Je suis certaine que si mais vous ne le savez pas encore c’est tout. Forcez vous une première fois. Prenez vos baskets et une tenue de sport et sortez de chez vous. Pas longtemps, donnez vous 15 minutes. Et courez ! A votre rythme, selon vos sensations, au feeling. Et puis marchez autant que vous voulez. Faites le test et vous verrez, d’ailleurs ça vous tente un week-end découverte sportif avec moi ? Envoyez-moi un message pour participer à une session Baby triathlète !

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