Véronique aka Veronika Tornade est considérée comme invalide et pourtant elle court. C’est une femme qui aime le challenge, qui fonce, engagée écologiquement et humainement, vibrez avec elle en lisant son interview. Let’s Go Girlz !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Je pratique beaucoup de sports, quotidiennement du fitness, de la course à pieds et de la natation. En ce moment, je participe à des événements sportifs qui nécessitent un entraînement hebdomadaire plus intense : 3 séances de fitness en salle de sport, de la course à pieds tous les jours et 2 séances de natation. J’aime aussi découvrir plein d’activités : la voile, les sports extrêmes…
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
Plus jeune, j’ai fait du judo, du tennis, de la natation. Adolescente après quelques problèmes de santé, j’ai arrêté toute activité physique avant de reprendre quand j’ai commencé à travailler. J’étais commerciale, souvent sur les routes, je me suis mise un peu au fitness pour avoir bonne conscience et éliminer les repas pris sur le pouce.
Puis j’ai eu un accident suite à une chute en forêt, je me suis vue déclinée, en fauteuil roulant, souffrant d’algoneurodystrophie (un syndrome douloureux régional complexe et handicapant qui m’empêche de poser ma jambe droite au sol).
Après 3 ans d’immobilité, j’ai eu un déclic, j’ai attendu 40 minutes devant une salle de sport avant de rentrer et de me faire accompagner par un préparateur physique. J’avais besoin de me ré-approprier mon corps, d’avoir à nouveau le goût du challenge. Après le fitness, je me suis mise à la course à pieds qui est devenue une passion suite au déconfinement en 2020, je suis passée de 900 mètres de course à pieds à un semi-marathon grâce à une nouvelle solution de mobilité : le kneescoot. Je ne peux toujours pas marcher et tenir debout, mais j’ai remplacé ma jambe droite par 3 roues et ça a changé ma vie.
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
J’ai la chance de vivre en Charentes maritime, mon spot préféré est dans cette magnifique région, le long de la plage tôt le matin ou tard le soir.
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
J’ai trouvé une famille grâce au sport, j’ai crée des liens forts avec beaucoup de personnes, j’avais très peur du regard des autres avant de me lancer dans mon aventure sportive en tant qu’handisportive. J’ai pu rencontrer un préparateur physique et m’engager auprès d’associations pour récolter des fonds (avec l’application Running heroes par exemple). Je me sens utile grâce au sport, mon accident m’a rendu « invalide » selon la société alors que j’étais hyper active, le sport m’a sauvé la vie. Je veux donner autant que le sport m’a aidé.
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
Comme je l’ai dis, le sport m’a sauvé la vie, je monte des projets grâce au sport, je me sens capable et utile. J’ai des objectifs, je me challenge, je n’ai jamais autant pratiqué de toute ma vie. Aujourd’hui, avec le sport je soulève des montagnes, chose impensable avant.
Pour moi, une sportive est performante, elle baigne dans un univers sportif d’entraide et d’objectifs physiques. Je commence à changer sur ma vision, je me sens sportive mais pas entièrement.
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
Ça a été le même moment lors de la même épreuve : l’EDF adn Tour.
Le pire moment pour moi fût l’épreuve du handbike : 12 km de course d’orientation en forêt alors que je n’en avais jamais fait. Il a fallu puiser au fond de moi et j’ai réussi par mon mental à terminer et valider l’épreuve.
Le meilleur moment fût lors de la première étape où j’ai constitué pour m’accompagner « la team tornade statera » avec Cyntia et Adrien (futurs éducateurs sportifs), qui ont cru en moi, m’ont motivé, m’ont montré que je pouvais y arriver. Ensemble, nous avons réussi ainsi que les 15 autres équipes sur place. Pour moi, c’est la représentation du sport : des équipes mixtes homme femme, de tout âge, tout type d’handicap… Et là c’est magique le handicap disparait il ne reste plus que des sportifs avec leur force et leur faiblesse. J’ai tellement aimé que je suis en train de valider ma participation aux 6 étapes, une première car je serai la seule à avoir participer à toutes les étapes à travers toute la France.
Quel est ton prochain objectif ?
J’aimerais participer au 20 kms de Paris en tant qu’handisportive, je participe actuellement au ploggathon (du 13 au 30 mai, courir 50 kms et ramasser au moins 50 masques). Et pourquoi pas faire un record du monde de distance (qui serait un marathon) dans ma catégorie handisport.
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
J’ai constaté des propos et des jugements sexistes mais cela ne m’a jamais empêché de pratiquer. Plus jeune, le judo était considéré comme un sport masculin, je m’y suis inscrite, j’ai terminé première dès ma première année.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Le sport est asexué, il est pour tout le monde. Allez là où vous voulez, assouvissez vos envies : du tir sportif, du karaté, de la danse… Assumez votre pouvoir en tant que femme, vos capacités, vos dons et éclatez-vous !