Syphaï (qui a aussi un site trop cool ici) est une femme pleine de mystères. Notre rencontre s’est déroulée à Bastille et je me suis tout de suite dit : « elle en impose ». Syphaï dégage une force incroyable et une autorité naturelle, elle pratique le vélo et ne se mets pas la pression niveau chronos. Let’s Go Girl !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Je pratique principalement le cyclisme, un peu de yoga. Pour le reste, cela dépend un peu de l’humeur et de la météo ! Je fais du vélo au moins une fois par semaine pour une distance d’entre 40 kms et 100 kms. Sinon je vais souvent à la piscine le matin parce que cela me permet de bien démarrer ma journée. Je pratique également le yoga. Je grignote les sports finalement.
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
Plus jeune je faisais de l’escrime. Je m’étais inscrite au collège parce que je trouvais ça badass. Comme c’est un sport de duel, je me disais que ça pouvait me permettre de me sentir plus forte dans la vie. Je voulais pouvoir m’affirmer et être indépendante. C’était une sorte de rébellion. Après le bac tout s’est bien calmé. J’avais, à la fin du lycée, une maladie très douloureuse qui m’empêchait de pratiquer toute activité sportive et il a fallu attendre la fin de ma croissance avant de reprendre une activité. C’était assez dur pour moi car j’aimais vraiment l’escrime, surtout l’ambiance du club où j’étais à ce moment là. La reprise fut donc difficile. J’ai commencé la piscine quand j’étais à la fac car elle se trouvait alors entre l’université et mon domicile. Puis j’ai un peu couru sans grande motivation. C’est surtout lorsque j’ai commencé à travailler à Paris que j’ai repris le sport. J’avais commencé par aller au bureau en vélo pour gagner du temps de trajet, et j’allais nager dès que je pouvais. Un jour je me suis mise à rentrer chez moi en courant et c’est devenu une habitude !
« J’imagine peu ma vie sans pratiquer d’activité sportive maintenant. »
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
Aujourd’hui, c’est un plaisir d’aller rouler près des vignes de Champagne. Mais ce que je préfère, c’est la forêt. Je me sens mal si je n’ai pas d’arbres près de moi, et je crois que les sports que je préfère sont ceux qui me permettent justement d’être en extérieur et de sentir la nature. C’est certainement pour ça que je n’ai aucune motivation pour les salles de sport ou le fitness en général.
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
Je crois que le sport a chez moi quelque chose qui s’approche de la méditation. Cela me permet de me concentrer uniquement sur mon corps pendant quelques temps, je me recentre. Parfois je réfléchis énormément pendant ma séance, parfois je ne pense pas à grand chose, mais j’apprends beaucoup sur moi-même. Auparavant monter une cote en vélo était un véritable calvaire pour moi, surtout psychologiquement. Chaque mouvement de pédale semblait me ridiculiser. Puis j’ai fini par accepter ma douleur, me disant que c’était simplement un mauvais moment à passer, qu’il fallait le gérer, et qu’une fois terminé je serai très fière de moi. C’est un peu pareil dans la vie ! J’ai même récemment gravi des cols en vélo, et le seul secret c’est de se connaître !
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
J’ai fréquenté des gens qui n’aimaient pas le sport parce qu’ils voyaient ça comme un effort et une souffrance bête et méchante sans intérêt. Pourtant avoir une activité physique au sens large, m’a appris beaucoup de choses comme je l’ai dit précédemment, et cela a effectivement changé la vision que j’avais de moi. Plus je suis active, mieux je me sens dans ma peau.
« Je fais confiance à mon corps, je sais qu’on bosse ensemble pour que tout se passe bien. »
J’ai un peu de surpoids, je suis même plutôt dodue, et j’ai eu des remarques assez désagréables de médecins m’accusant de sédentarité. Pourtant, je sais que je suis tout sauf sédentaire, mais que voilà, je suis faite comme cela. Peut-être qu’un jour je remarquerai que le sport m’a fait perdre du poids, mais pour moi, c’est une fausse motivation. C’est avant tout de sentir que l’on est fort, qu’on sait qu’on est capable de relever des défis ! En ce moment, j’ai déjà assez de problèmes comme ça… Mon affreux bronzage cycliste par exemple !
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
Mon meilleur moment sportif est l’arrivée du semi-marathon de Paris. Je n’étais pas entraînée à fond, pourtant j’avais une confiance en moi sans faille. À ce moment, je n’avais d’objectif de chrono, il faut dire que c’est bien une notion dont je me fiche pas mal pour la course. Mais je savais que ça allait bien se passer. Cela a été dur quand même et l’arrivée était géniale. Mon pire moment sportif, c’est le parcours entre Fécamp et Étretat en vélo. Ces lieux sont magnifiques, mais qu’est-ce que j’ai eu mal ! J’ai eu les pires crampes de ma vie, je voyais ma cuisse battre comme un cœur muni de sa propre conscience.
Quel est ton prochain objectif ?
En vélo j’aimerais faire le Paris-Roubaix Challenge 2019 sur 140 kms. Cette année, j’ai fait le parcours sur 70 kms (avril 2017).
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
Oui, c’est certain. D’abord tout le monde croit que tu fais ça forcément pour perdre du poids. On te dit d’emblée que tu devrais plutôt faire telle ou telle chose si tu veux perdre des kilos alors que tu veux peut-être juste prendre l’air. En ce qui me concerne, c’est plutôt l’idée d’avoir un physique de sportive. On a un peu une idée normée de ce à quoi doit ressembler une personne sportive. Il arrive que je parle aux autres de mes activités, à des amis pas vus depuis longtemps ou des rencontres nouvelles. Régulièrement, quelqu’un me dit qu’il ne m’imagine pas faire de sport ou même qu’il ne me croit pas. Récemment, j’ai fait une sortie de 100 kms pour le #Womens100 à l’initiative de Rapha. Le lendemain, quelques personnes m’ont avoué avoir parié sur mon échec malgré le fait que je ne me cache pas de m’entraîner non plus. Ce sont des petites choses comme cela qui sont vexantes.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Ne vous embêtez pas avec cela. Le sport est une activité comme une autre, on peut le pratiquer de différentes manières et à différents niveaux. Si vous aimez marcher dans les bois, faites-le. Si vous aimez faire du vélo, allez-y. Il n’y a pas de sport meilleur qu’un autre, ni même de pratiquant parfait. Personne ne vous demande de faire un ultra trail si vous appréciez simplement vos 20 minutes de footing du dimanche pour décompresser, mais si vous avez envie de vous préparer pour en faire un, pourquoi pas ?
« Des compétitions sportives, il en existe des tonnes, mais la vie n’est pas une compétition. »