Laura est un électron libre, je l’ai découverte via son compte Instagram (aka Foutrak) sur lequel elle partage ses aventures sportives (elle a aussi un site Foutrak). De la course à pied, beaucoup de trails, de la randonnée et du vélo. Pendant notre rencontre autour d’un bon petit déjeuner, elle m’a parlé de liberté. Let’s Go Girl !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Je pratique la course à pied, le trail, la randonnée, le vélo, du fitness pour croiser les activités (une fois tous les dix jours) et parfois de la natation.
Pour la course à pied ou le trail, je m’entraîne en fonction de mes objectifs à venir. Pour le marathon, par exemple, je courais entre 3 à 5 fois par semaine, pendant plusieurs mois. En ce moment, je fais du volume en trail pour un futur défi.
Je fais des séances spécifiques en vélo quatre fois par semaine environ, mais je m’en sers tous les jours comme moyen de locomotion.
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
Enfant, j’étais inscrite à des activités extra-scolaires (escalade, danse…) plus pour me sociabiliser que pour la pratique sportive en elle-même. J’ai le souvenir de ne pas finir mes années de pratique par lassitude, j’y allais principalement pour mes copines et pour l’ambiance.
De mes 12 ans à mes 15 ans, je faisais partie d’un groupe de handball, mais encore une fois, j’y allais pour l’ambiance. Je ne trouvais pas ma place dans ce sport. Je n’avais pas d’objectif sportif, ça ne m’intéressait pas de me battre pour un défi.
Au collège, je ne me considérais absolument pas comme sportive et les autres non plus. J’étais dans un collège dans lequel j’étais rejetée.
Au lycée, je décide de me faire dispenser de sport pour éviter d’exposer mon corps et mon malaise général (la natation étant l’angoisse l’ultime).
Suite à une relation un peu compliquée, je prends beaucoup de poids. Je ne fais plus aucun sport, je monte à 105 kilos, je ne me rends pas bien compte de ma prise de poids. Et c’est mon médecin qui soulève ce point en me proposant un travail de stabilisation, avec une vraie réflexion autour de la nutrition et de l’effort physique.
« C’est une première prise de conscience personnelle, je commence à faire du sport chez moi pour reprendre confiance en mon corps. »
Puis je vais dans une salle de sport, avec un objectif de trois mois pour commencer et si je m’y tiens, je m’inscris un an (je suivais les cours collectifs). Mon but n’est pas forcément de perdre du poids mais m’amuser en instaurant un rituel, un rendez-vous pour moi. Et après ces trois mois, je m’offre un abonnement dans une des plus chouettes salle de sport, ce n’est pas une punition mais vraiment un cadeau que je me fais. Pendant trois ans, je pratique dans cette salle mais je deviens addict au sport. A base de 14 heures de sport par semaine, j’enchaîne les cours et parfois quelques machines. Ma motivation principale reste le corps, faire du sport pour manger ce que je veux.
En octobre 2014, un ami me propose de le suivre sur les 10 kms du Run in Lyon car il estime que j’ai une bonne condition physique et je m’inscris. Là, je commence la course à pied. Et de fil en aiguille, je me fais entraîner dans d’autres courses, des trails. Je me retrouve dans la campagne lyonnaise pour courir, je trouve ça fun et je m’amuse.
« C’est une nouvelle experience qui commence. »
J’en viens à faire un semi-marathon à Annecy, à faire de la randonnée, à m’inscrire au trail le plus haut d’Europe sans savoir dans quoi je m’embarque, etc. Je me rends compte que la course à pied et le trail font partie de ma vie et que je ne peux plus m’en passer.
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
Je pratique le sport essentiellement autour de chez moi mais je n’hésite pas à bouger pour m’entrainer en montagne ou à la campagne.
J’adore le Parc de la Tête d’or à Lyon, les quais et plus loin, le parc régional du Pilat ( à une heure de Lyon ) ou les monts d’Or (à 30 minutes de voiture de Lyon). Enfin la piscine municipale du Rhône, qui me permet de nager avec la vue sur Fourvière.
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
Le sport est un moyen d’expression pour moi, une façon de décompresser, de m’amuser, me dépasser et il m’aide à compléter ma personnalité.
Je suis moi-même quand je fais du sport, je me sens sereine, c’est naturel.
« C’est mon rendez-vous avec moi-même pendant lequel tout est possible. »
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
J’ai eu différents points de vue sur le sport. À l’époque où j’enchainais le sport en salle, mon corps avait énormément changé, j’avais le physique d’une sportive mais je n’en avais pas conscience. Puis avec mes différentes blessures, et la rencontre sportive avec Mathieu de chez Spode, toute ma pratique sportive va changer.
Le sport m’a appris à dessiner mon corps, à le connaitre avec ses qualités et ses limites. Aujourd’hui je pratique le sport comme un mode de vie, présent dans le quotidien sans être envahissant.
« Je me fais plus confiance qu’avant, je suis plus positive et ouverte au monde grâce à toutes ses expériences. »
En fait, le sport n’a pas changé ma vie c’est ma vision du sport qui a changé. Adolescente je n’aimais pas le sport, je n’y trouvais aucun interêt, alors qu’aujourd’hui c’est bien plus qu’un plaisir : c’est mon quotidien. Et j’ai trouvé ma place dans la montagne.
Je me fixe aussi des objectifs pour faire péter des barrières. Jusqu’il y a peu, j’avais encore du mal à me montrer en maillot de bain à la piscine. Je n’assumais pas mon corps, j’avais l’impression que mon corps n’est pas légitime en tant que sportive. Aujourd’hui, je travaille sur ce point, je vais à la piscine, c’est un grand pas.
Le sport m’a permis de prendre conscience de mon corps, et surtout de me connaître. Je fais confiance en mon corps autant que mon mental aujourd’hui.
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
Pour ce qui est de mon meilleur moment sportif, j’ai un souvenir ému du trail réalisé en 2015 à Val d’Isère. Il était bien trop dur pour moi et j’étais mal préparée (33 kms / 2 500 D+ entre 2 000 et 3 000 mètres d’altitude).
J’ai des souvenirs incroyables en montagne plutôt que sur route (le marathon de Paris ne m’a pas fais ressentir d’émotion particulière). Et dans un autre genre de moment sportif génial, j’ai adoré faire le tour du mont-Blanc seule en septembre dernier.
La Spartan Race aussi est un de mes meilleurs souvenirs parce que je me suis surpassée. C’était dur mais quelle fierté d’y avoir participé.
Mon pire moment sportif est le semi-marathon de Saint-Priest vers Lyon, en février 2016. J’avais de très grosses courbatures d’une séance de crossfit (deux jours auparavant), j’avais mal partout et plutôt que me reposer, je suis allée jusqu’à cette ligne d’arrivée en rampant pour ne pas déclarer forfait. Résultat : une tendinite d’Achille et le début d’un an et demi de galère allant de blessures en blessures. Je repense souvent à cette course cauchemardesque en me disant : plus jamais !
Quel est ton prochain objectif ?
En fait des objectifs, j’en ai plein. Mon prochain objectif trail est un challenge à La Plagne qui consiste en 14 kms le premier jour avec du dénivelé, 27 kms le lendemain avec encore plus de dénivelé ! (Course de la 6D découverte et 6D lacs le 27 juillet ).
J’ai un autre objectif d’une semaine en trail : traverser les volcans d’Auvergne en juin et en juillet, je démarre pour la première fois l’alpinisme avec un sommet à 4 554 mètres (je combats mon vertige).
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
Je n’ai jamais ressenti le regard des hommes ou le poids de la société sur moi parce que j’étais une femme mais je me suis sentie scrutée ou peu légitime à cause de mon corps qui ne fait pas très sportive vu de l’extérieur.
Les barrières, ce sont surtout moi qui me les suis mises au début. Personne n’est jamais venu me traiter de sale grosse quand je faisais 105 kilos par exemple.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Si le sport n’est pas fait pour toi, il ne l’est pour personne ! Tes croyances sont infondées et tu rates une occasion de te dépenser et te connaitre encore plus. Let’s go girl !
Super portrait de notre foufou.
J’aimerais tellement la rencontré et qu’elle me transmette son courage et sa motivation.