Portrait #30 : Wadji

Wadji Yoga

J’ai rencontré Wadji en 2014 pendant un concert. À l’époque, c’était la vida loca, à traîner dans des salles de musique et à boire des coups all the time. Depuis, Wadji a créé sa société La Pause W, une entreprise qui propose des confitures mais pas que… Et surtout, elle a eu une enfant. Comment arrive-t-elle à tout gérer et même à caser du sport dans ses journées effrénées ? Let’s Go girl !

Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?

Je pratique le yoga quasi quotidiennement maintenant. J’ai commencé au mois d’avril cette année et ce fut une révélation pour moi. J’avais déjà essayé il y a quelques années et l’expérience ne m’avait pas convaincue. Comme quoi, tout est une question de timing.

Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu une pratique sportive. J’ai commencé la natation à l’âge de 6 ans. Je crois que mes parents m’avaient inscrit à la natation car on disait que c’était bon pour mon asthme.

J’ai aussi fait du tennis car j’ai un oncle qui était tennisman de haut niveau et le voir jouer, et en parler, m’avait donné envie. Il m’a offert ma première raquette, m’a conseillé des clubs et un entraîneur. C’est comme ça que j’ai commencé. J’adorais ça. J’en ai fait pendant toutes mes années collège et lycée. J’ai participé à des compétitions, j’en ai même remporté certaines. Puis, j’ai arrêté en déménageant en France.

J’ai aussi pratiqué le basket et la danse pour tester, par curiosité.

J’étais une grande adepte du running en arrivant à Paris, ça me permettait de me défouler. J’ai même participé à quelques courses.

Après mon accouchement, j’ai repris quelques cours de fitness pour une remise en forme. Mais ça me convenait pas, je n’avais pas les bons objectifs.

Puis en lisant un magazine qui parlait de la pensée positive au travers du yoga, je m’y suis mise. Je ne cherche pas de performance, je m’y suis mise naturellement et j’ai accroché de suite.

Wadji Yoga

Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?

L’avantage du yoga est que je peux le pratiquer à la maison, même avec ma fille de 2 ans dans les pieds, qui, de manière assez drôle, essaie de répéter mes postures (même le chien tête en bas).

Je trouve que ça me permet d’améliorer ma patience et ma concentration. Les mamans comprendront, avoir une boule d’énergie qui court autour de toi alors que tu dois te concentrer sur ta respiration demande un contrôle efficace.

Je pratique souvent dans ma cour mais je t’avoue que j’ai hâte de partir en vacances pour pouvoir pratiquer en pleine nature.

Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

Pendant quelques années, depuis ma grossesse et la naissance de ma fille, je n’avais plus pratiqué aucune activité sportive. Je ne m’étais pas vraiment rendue compte à quel point ça m’avait manqué. Quand j’ai décidé de reprendre une activité, le fitness en l’occurence, je crois que j’ai voulu en faire trop, trop vite et je n’y prenais aucun plaisir.

Aujourd’hui, le yoga m’apporte bien plus que du plaisir. Je ne suis plus à la recherche de la performance comme je l’étais avec le tennis ou le running. J’y ai trouvé un équilibre – ou du moins une recherche d’équilibre. Je ne pratique pas pour être la première, faire un bon temps, être meilleure qu’un.e autre mais juste pour moi, pour mon bien-être et ma satisfaction personnelle.

Après, il faut dire que la pratique du yoga entre dans la cadre d’un exercice spirituel donc cela doit sûrement beaucoup jouer.

« Je me sens sereine, le yoga me permet de recadrer mes pensées, et surtout de me recentrer sur moi-même, de me reconnecter. C’est ma bulle, mon cocon, mon rendez-vous personnel. »

Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?

Avant, j’avais une vision très compétitive du sport, une vision axée sur la performance. Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment le cas. J’ai appris que le plus important n’était pas forcement de me surpasser ou de surpasser un.e autre mais juste de faire de mon mieux sans culpabilité. Que ce soit dans le sport ou dans un tout autre domaine.

J’ai appris que j’y arrivais mieux en essayant de donner le meilleur de moi-même et non en me comparant aux autres et leurs performances. Ce qui importe, ce n’est pas ce qu’ils arrivent à faire mais plutôt moi. Me réjouir des progrès que je fais et ne pas m’apitoyer sur des postures que je n’arrive pas à faire, des temps de courses qui ne sont pas tops.

J’ai appris que j’avais une plus grande capacité à faire face à l’échec que je pensais. Et que si je n’y arrivais pas maintenant, avec plus de pratique et d’entraînements, j’y arriverais plus tard.

Avec le yoga, je me rends compte que je suis capable de faire des postures qui me semblaient impossibles. J’accorde plus de confiance à mon corps et je suis plus à l’écoute des possibles.

Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?

Je dirais que j’ai deux meilleurs moments : lorsque j’ai remporté la première lors d’un tournoi de tennis chez moi, à Abidjan. D’ailleurs, je suis rentrée récemment chez mes parents et j’étais heureuse de voir que le trophée était toujours au salon.

Le second moment, c’est quand j’ai terminé mon premier 10 kms de Paris. À plusieurs reprises pendant la course, j’ai pensé abandonner, mon corps souffrait mais je suis allée jusqu’au bout. Et pour cela, j’était très fière de moi.

Mon pire moment a été mes premières défaites en compétition, en natation et en tennis. On voit un peu tout s’effondrer, on se dit que ce n’est pas possible. On déteste les autres compétiteurs et soi-même. Pour l’enfant et l’ado que j’étais, c’était terrible.

Wadji YogaQuel est ton prochain objectif ?

De reprendre le running ou une activité du type cardio ou cycling. Je me suis déjà renseignée sur les salles de sport autour de moi. Il n’y a plus qu’à.

En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?

Je dirais que plus jeune, le regard des autres, surtout des hommes, pendant la pratique de n’importe quel sport me mettait mal à l’aise. Je fais partie de celles qui ont développé assez tôt une poitrine. Et à chaque fois que je devais courir, donc à peu près quasiment tout le temps, je ne voyais que ça, je ne pensais qu’à ça. Je portais des brassières très serrées pour m’assurer que mes seins ne bougeaient pas parce que je ne voulais pas que pendant que je cours, on les voit. Et, bon, on connaît toutes le genre de remarques que cela engendre.

Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?

Déjà, le sport n’a pas de genre. La pratique du sport, de n’importe quel sport, n’est pas définie par l’appareil génital. Le sport est fait pour tout le monde, pour tous ceux qui en ont l’envie ou qui en ressentent le besoin pour quelques raisons que ce soit.

Le fait d’être une femme n’est pas un handicap à sa pratique. Si l’envie y est, foncez ! Par contre, et je veux le dire, si vous faites du sport pour perdre ce petit ventre, ces quelques kilos, parce qu’un homme vous a dit ou demandé de le faire, parce qu’une autre femme dénigre votre apparence, ou parce que l’on se moque de vous, je ne pense pas que ce soit pour les bonnes raisons. Ce ne sera pas aussi épanouissant que cela doit l’être car ce sera contraint. Faites du sport pour vous, transpirez pour vous,  ayez des courbatures pour vous. Et pour personne d’autre !

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