Anne-Laure Florentin est triple championne d’Europe de Karaté (dans sa catégorie +68 kg). Athlète de haut niveau, Anne-Laure est une femme pour qui le sport est bien plus qu’une passion. Autour d’un café, nous avons échangé sur la compétition, sa jeunesse, ses débuts sur les tatamis. Je vous invite à suivre de près ses futures compétitions et à lire ses expériences sportives extraordinaires. Let’s Go Girl !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Je pratique le karaté à haut niveau, tous les jours de la semaine deux à trois fois par jour. Les entraînements sont d’une durée de 1h30 à 2h.
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
Mes parents m’ont inscrite très jeune à la gymnastique. J’en ai fait quelques mois mais ça ne me plaisait pas. Je voulais pratiquer le karaté comme mes frères, j’ai donc commencé à l’âge de 4 ans. Au-delà du sport, je voulais être avec eux, c’était mes modèles. Lors du premier cours de karaté, on apprend à faire des katas et même si ça peut paraitre rébarbatif, ça m’a tout de suite plu. C’est lorsque j’ai commencé à faire des compétitions que j’ai considéré le karaté comme un sport. Avant, c’était un loisir qui me permettait de retrouver mes copines et mes frères.
Inconsciemment, mes frères m’ont poussé à aller toujours plus loin. Ma pratique a été une suite d’enchaînements pour les suivre dans leur pratique sportive, jusqu’en compétition départementale. Mes frères ont arrêté le karaté à ce moment-là, et j’ai intégré un sport-étude au sein du pôle Espoir pendant trois ans. J’ai été repérée par le pôle de Châtenay-Malabry qui m’a permis de progresser et de m’investir et de me motiver pour performer, et d’en être ici aujourd’hui.
Aujourd’hui, le karaté est mon travail, ma passion, mon quotidien.
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
Je pratique le karaté au CREPS de Châtenay-Malabry en pôle olympique.
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
Le sport me permet de me fixer des objectifs et de mettre en place une stratégie afin de les réussir.
« Il me permet de me dépasser, de connaitre mes limites et surtout de dépasser ces limites. »
Gagner une compétition me rend fière, voir la fierté de ma famille est un vrai accomplissement.
Le sport est addictif, je souhaite aller toujours plus loin. Pour moi, c’est une chance que de pouvoir vivre cette vie d’athlète de haut niveau, entre les rencontres que je n’aurais jamais pu faire ailleurs et les émotions ressenties. C’est pour toutes ces choses que je me dépasse.
Quand je pratique le karaté, je me sens bien, je suis à ma place. Le sujet de la confiance en soi est compliquée en tant qu’athlète de haut niveau, j’ai eu des moments de doutes sur ma confiance. Mais douter m’a permis de forger mes convictions et d’affirmer qui je suis. L’échec me permet d’avancer et ce fonctionnement sportif peut être transposé dans le quotidien.
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
Oui, car il m’a permis de me dépasser, de me forger et d’acquérir une certaine confiance que je n’aurais peut-être pas eu sans mon sport.
J’ai un certain recul sportif par rapport à mon parcours, il a fallu que je me batte pour devenir titulaire dans ma catégorie. Ma vision sportive est aujourd’hui bien plus professionnelle. Au niveau de l’approche de ma préparation, je mets en place une organisation spécifique dans le but de performer (nutrition, medecin, etc.). C’est quelque chose sont je n’avais pas conscience quand je pratiquais le karaté en loisir.
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
Mon pire moment est le Championnat du Monde 2016 à Linz qui me laisse jusqu’à aujourd’hui un goût très amer dû à ma défaite.
Concernant mon meilleur moment, je dirais que c’était mon premier titre de championne d’Europe à Montpellier devant ma famille et mes amis !
Quel est ton prochain objectif ?
A court terme, mon objectif est d’être championne du monde en novembre prochain, à Madrid, et à long terme, c’est être championne olympique à Tokyo.
J’ai aussi toujours en tête mon projet de reconversion professionnelle, pourquoi pas dans l’entreprenariat.
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
J’ai commencé le sport dès mon plus jeune âge donc ça n’a pas été difficile et surtout, je pense que le sport a forgé mon caractère. En revanche, les sportives de haut niveau qui souhaitent avoir des enfants mettent leurs carrières de côté quelque temps, voire l’arrête. Chose que ne font pas forcément les athlètes hommes.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Il ne faut surtout pas avoir peur, le sport permet de se connaître, de découvrir son corps, d’appréhender les espaces et surtout développer une certaine confiance en soi. Le sport nous permet d’être fière de nous-même de ce que l’on a réalisé.