Portrait #44 : Syra

Syra Basketball

Syra est une femme qui vit le basket. Elle a un site qui parle de basket (Ladyhoop), elle travaille pour Hoops Factory et elle a co-crée un club de basket féminin dans le 20ème arrondissement de Paris (Paris Lady Basket). Vous voyez, elle blague pas quand on parle de basket. Mais comment a-t-elle commencé ? Est-elle née avec un ballon de basket entre les mains ? Let’s Go Girl !

Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?

Je fais du basket depuis mes 18 ans. À l’époque, je jouais tous les jours. Entraînement la semaine ou session avec des potes puis match le week-end. Aujourd’hui, je n’ai plus le temps et je bouge beaucoup. Mais j’essaye de jouer au moins 3 fois par semaine.

Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?

J’ai toujours été sportive. À l’école, j’adorais l’EPS (sauf la natation et l’endurance…). Lorsque j’étais au collège, je faisais du hand avec l’Union Nationale du Sport Scolaire. J’étais une adolescente assez timide et j’avais des difficultés pour créer du lien avec les autres. Du coup, intégrer une équipe m’a permis de trouver un crew, d’avoir des potes et surtout de découvrir le sport collectif. J’en ai pratiqué pendant 3 ans.

Puis à 17 ans, je commence le basket. J’ai eu une affection pour le basket car il y avait un playground en bas de chez moi et j’emmenais mes potes pour y jouer régulièrement. Puis j’en fais au lycée et on m’a dit que je me débrouillais bien. J’ai alors intégré un club. Depuis je ne me suis plus arrêtée jusqu’à monter mon propre club de basket féminin à Paris avec un ami.

Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?

Dans mon club (Paris Lady Basket), parfois sur mon lieu de travail (Hoops Factory) mais mon spot préféré reste le playground, donc n’importe où ! Si je devais choisir un playground, je dirai celui sur lequel je jouais quand j’ai vécu à Athènes. On avait quatre terrains, c’était blindé, ça jouait vraiment bien et l’ambiance était très cool.

Syra BasketballQu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

Enormément vu que c’est devenu mon quotidien ! Je suis passée de simple pratiquante à véritable passionnée et aujourd’hui, tout ce que je fais à un lien avec le basket. Mon boulot, mes associations (Paris Lady Basket, Ladies & Basketball), mes activités annexes (NBA Afrique, Quai 54), ma marque de fringue, mon site internet…

Quand je bouge, j’embarque systématiquement une paire de basket avec moi, on ne sait jamais. L’année dernière, j’ai fait un roadtrip en Asie avec des potes. La première chose qu’on a fait c’est déjeuner. La deuxième, c’est jouer au basket pendant une heure avec un mec que l’on a rencontré sur un playground. Basket ball never stops ! J’ai rencontré tellement de monde grâce au basket : ça m’a permis de me faire des amis et de vaincre ma timidité.

Quand je joue au basket je suis dans le moment présent, je ne me projette plus. Au quotidien, je réfléchis énormément, sur le terrain je repose mon cerveau pour vivre pleinement l’instant.

« C’est mon moment et il me ressource. »

Au travers du basket je m’assume entièrement, je découvre qui je suis, j’assume qui je suis. Quand je suis dans le monde du basket, je suis hyper confiante, je me sens légitime : j’y ai ma place. Le basket m’a révélé.

Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?

Complètement. Il m’a aidé à me bâtir et a fait de moi celle que je suis aujourd’hui. Je suis quelqu’un d’extrêmement timide. À l’école, je ne levais jamais la main par peur du regard des autres. À la fac, quand j’arrivais en retard, je ne rentrais pas en cours, j’attendais l’heure suivante.
Grâce au basket, j’ai pris confiance en moi (c’est aussi le cas quand je fais des maths, ma deuxième passion). Sur un terrain, je me sens vraiment en confiance, même quand je suis nulle. Quand je parle de basket, je me sens en confiance. Et puis il m’a permis de me faire des amies. Parce que quand on est timide, c’est bien galère d’aller vers les gens ou de répondre aux gens qui viennent vers toi. Et avec le basket tout a été plus simple. Mes coéquipières sont devenues mes amies et bien plus encore, les gens que je croisais sur les terrains aussi. J’ai trouvé une deuxième famille grâce au basket.
En commençant, je pensais vraiment pas que j’en arriverai là. J’ai toujours rêvé d’être pilote d’avion, ingénieure et prof de maths. Pilote d’avion c’est mort, je suis myope comme pas deux. Ingénieure j’ai fait les études pour mais le basket est venu tout chambouler. Prof de maths, j’ai encore le temps d’y venir.
Ma vision du sport ? Je ne sais pas car je ne me souviens pas ce que j’en pensais avant d’en faire. Franchement, quand j’étais petite, on faisait beaucoup de sport en bas du quartier : du foot, du basket, des chasses à l’homme, des balles au prisonnier… C’était une occupation pour nous, on passait le temps comme ça. Disons que ça a plutôt changé la vision que j’avais de l’impact que pouvait avoir le sport sur une vie. Avec tout ce que je fais aujourd’hui, je me rends compte que le sport peut servir de vecteur pour beaucoup de choses et notamment socialement.

Syra Basketball

Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?

Mon pire moment sportif est une blessure à la cheville. Double entorse, un plâtre que j’ai gardé quatre jours et j’ai du arrêter de jouer cinq semaines, un vrai enfer !
Mon meilleur souvenir… J’en ai beaucoup. Je pense notamment aux tournois de street avec mes potes. J’affectionnais particulièrement le tournoi de Grande-Synthe organisé par le grand Billy. Un moment que je n’oublierai pas de si tôt. Je venais de déménager à Reims et je n’avais pas encore trouvé de club. Un jour je suis allée au complexe sportif René Tys pour assister à une journée basket. Ils ont improvisé l’organisation d’un concours de lancer franc et qui a gagné ? Moi, la seule meuf. Et surprise, c’est Tariq Abdul Wahad que j’adorais qui m’a remis la coupe. Elle est énorme, je l’ai encore. Ma première coupe en carrière.

Quel est ton prochain objectif ?

J’en ai tellement ! Comme continuer de jouer au basket. J’ai appris à vivre au jour le jour.

En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?

À l’époque, c’était vraiment pas une priorité de mettre les filles au sport chez moi, peut-être par rapport à ma culture. Ma mère avait vraiment autre chose à faire. Et puis pour mes parents, il fallait qu’on soit les meilleurs à l’école avant tout. Honnêtement, je ne m’imaginais même pas pratiquer un sport dans un club. Avec les potes en bas de chez moi et le sport à l’école, ça suffisait largement.

Pourtant quand j’ai commencé, je n’ai eu aucune barrière. J’aimais tellement joué dehors et j’avoue qu’il y a des terrains où les filles n’étaient pas forcément acceptées. Mais j’ai persisté et ça n’a plus été un problème ensuite. Après je suis quelqu’un qui est assez « insensible » au regard des autres. Sauf celui de ma famille. Mais les gens que je ne connais pas, ils peuvent dire ce qu’ils veulent, je m’en fous. Du coup quand j’allais jouer en street, si y’avait une place, je la prenais. On est loin de la petite qui se pissait dessus quand toute la classe la regardait.

Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?

C’est un peu bateau mais je dirais que le sport est fait pour tout le monde. Comme dans tous les domaines de la vie, chacun a des facilités. Mais je suis sûre que chaque femme peut trouver sport à son pied, que ce soit sport collectif ou sport individuel, sport physique ou moins. Aujourd’hui y’a tellement de sport qui existent. Surtout en France ! Quand je vois la galère que c’est de pratiquer dans un pays comme le Sénégal quand on est une femme. Même pas besoin de traverser l’Atlantique, c’est aussi le cas en Roumanie. On ne se rend pas compte de la chance qu’on a. Que ce soit pour le sport ou l’école…

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