Portrait #71 : Cléo

En écoutant le podcast Championnes du Monde, je me suis demandée qui était la journaliste qui se cachait derrière ce micro, qui était cette femme qui mettait en lumière d’autres femmes : des championnes olympiques et des championnes du quotidien. C’est donc le portrait de Cléo Hénin, la créatrice de ce podcast et une championne du monde qui va suivre. Let’s Go Girl !

Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?

J’ai fait beaucoup de sports différents dans ma jeunesse dont 15 ans de gymnastique rythmique à très bon niveau. Malheureusement le corps vieillit vite dans cette discipline très traumatisante et j’ai dû arrêter il y a 5 ans.

Aujourd’hui je cours deux fois par semaine, je fais du tennis de temps en temps pour le plaisir et je me suis mise récemment à l’escalade. Je suis tombée amoureuse de ce sport ! J’essaye d’aller à la salle deux fois par semaine et de faire également des sorties à Fontainebleau quand le temps le permet. Pour garder un peu de ma souplesse, j’essaye également d’aller au yoga et à la danse 2 fois par mois.

Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?

Je suis littéralement une enfant de la balle. Ma mère, qui est professeure d’EPS, m’a mise à la baby gym à 3 ans. Je n’ai pas vraiment de souvenirs de cette époque mais j’ai toujours baigné dans le sport, c’est même un héritage familial. Ma sœur est triple championne du monde de boxe et mon père était également professeur d’EPS. Je pense que je n’ai pas vraiment eu le choix, mais ça me convenait bien et j’adorais me dépenser.

J’ai testé plusieurs sports entre 6 et 10 ans (la gymnastique artistique, le judo, le tennis…), mais j’ai vite trouvé le sport qui me faisait vibrer dans la gymnastique rythmique. J’avais des facilités et l’aspect artistique de la discipline m’a tout de suite plu. Le mix de technique et d’artistique, le rapport entre le mouvement et la musique m’ont séduite. À l’époque, j’étais une vraie fan avec les posters des gymnastes dans ma chambre, je connaissais tous les championnats par coeur etc.

J’ai donc pratiqué la GRS pendant 15 ans. J’ai arrêté car c’est un sport traumatisant pour le corps – la moyenne de « vie » d’une gymnaste est de 20 ans, CQFD – et je commençais également à travailler donc je n’avais plus vraiment de temps.

Depuis peu de temps, j’ai repris le sport (escalade, danse, course à pieds, vélo). Avec mon statut de free, je m’accorde plus de plages horaires sportives. Pour moi ces rendez-vous sportifs avec moi-même sont aussi importants que mes rendez-vous clients. Je suis plus productive, je me sens mieux mentalement et physiquement.

Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?

Quand je cours, j’aime que ce soit dans ma Lorraine natale, dans la nature. Pour l’escalade je me suis inscrite chez Arkose, qui est vraiment une super salle, mais le mieux reste d’aller faire de l’escalade en plein air à Fontainebleau. C’est d’une incroyable beauté et c’est également profondément ressourçant.

J’ai également découvert la danse somatique avec une prof merveilleuse, Margaux Amoros. C’est une danse où l’on apprend à écouter son corps et son esprit. C’est presque méditatif !

Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

Au-delà de l’aspect bien-être physique qui est indéniable, le sport m’apporte surtout un équilibre psychique et émotionnel. Je suis une personne de nature assez anxieuse et le sport me permet vraiment de lâcher prise, de moins prendre à cœur les choses. Petite déjà, la GRS et les compétitions m’ont permis de mieux gérer mon stress en dehors de la sphère sportive.

Quand j’arrête le sport, je sens que je suis bancale intérieurement et toutes mes angoisses remontent. Le sport m’apaise, il a un vrai impact sur mon mental, je suis plus concentrée et rationnelle. Le sport me permet d’être équilibrée et m’aide également à avoir confiance en moi.

« J’apprends de nouveaux sports, j’évolue, je me prouve à moi-même que je suis capable, cela me sécurise en un sens. »

Je suis complètement zen quand je pratique l’escalade, je lâche prise quand je fais de la danse somatique, j’écoute mes émotions et je me sens libre.

Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?

Je pense que ce n’est pas quelque chose dont j’ai été vraiment consciente, mais je savais que je ne
pourrais jamais faire mieux que ma sœur, donc que ce n’était pas à travers mes résultats sportifs que j’allais briller aux yeux de mon entourage.

Malgré tout, le sport a été totalement constitutif de ma personnalité. J’étais une petite fille timide et réservée et le sport m’a fait prendre conscience de certaines capacités que j’avais et ça a révélé des traits de mon caractère que je ne pensais pas avoir, car je me sentais totalement libre d’être moi-même dans ce cadre sportif.

M’exprimer par le corps, plus que par la parole. C’était quelque chose de très personnel, qui m’a aidé à me découvrir. Et c’est aussi ce que je retrouve aujourd’hui dans la danse somatique.

Quand je pratiquais la GRS, j’avais une vision sportive de performance. J’étais, pendant 15 ans, dans une démarche de compétitions. Aujourd’hui, je pratique pour mon bien-être, pour mon plaisir, pour me sentir bien, mais je retrouve quand même mon côté compétitrice en me lançant des objectifs, j’ai toujours envie de m’améliorer et de progresser.

Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?

Lorsque j’ai eu 23 ans, j’avais décidé que ce serait ma dernière année de gymnastique rythmique, parce que mon travail commençait à me prendre trop de temps et d’énergie et n’était pas compatible avec 9h d’entrainement par semaine. On avait travaillé dur avec les filles de mon groupe et on avait atteint notre objectif d’être en DN1 (la meilleure catégorie « amateur »). Je savais que les Championnats de France allaient être la toute dernière compétition de ma vie. On était plus que prêtes et motivées, mais malheureusement lors de notre passage nous avons fait une grosse erreur et ça a été la catastrophe.
J’avais rêvé de finir ma carrière sur un podium, je l’ai fini dans les profondeurs du classement. Ça a été très dur et j’ai versé beaucoup de larmes. Je n’ai pas respecté l’adage du « terminer en beauté », mais c’était tout de même une année magnifique parce qu’on était une équipe ultra soudée.

Mon meilleur moment, ou plutôt mes meilleurs moments ce sont les gens ! Le sport est incroyable pour ça : vous rencontrez des personnes merveilleuses avec qui vous avez forcément déjà un point commun. J’ai rencontré mes meilleures amies par le sport et encore aujourd’hui je continue de rencontrer des personnalités géniales dans les salles d’escalade ou dans les cours de danse. Le sport fait se créer des liens indéfectibles !

Quel est ton prochain objectif ?

M’améliorer en escalade ! Prendre en puissance et réussir à passer des difficultés supplémentaires. Je suis encore un petit poussin, mais je progresse tranquillement. Sinon mon objectif principal est « hors sport », puisque je souhaite vraiment développer mon podcast « Championnes du Monde ». Faire encore plus de portraits de femmes et pourquoi pas ouvrir le podcast à un angle plus « événementiel ».

En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?

Je ne l’ai jamais vraiment senti puisque j’ai eu la chance de vivre dans une famille où le sport était « normal ». On m’a tout de suite fait comprendre que le sport était pour tout le monde. Et j’ai même plutôt vécu l’inverse puisque j’ai évolué dans un sport totalement féminin, où la présence des garçons était quelque chose d’atypique. Dès qu’un garçon était en compétition avec nous, c’était tout un événement ! Et c’est également pour ça que je ressentais une vraie incompréhension sur le manque de représentation des femmes dans certains sports ou certaines disciplines. C’est ce qui m’a donné envie de leur donner la parole.

Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?

Le sport ce n’est pas forcément la pratique sportive. Le sport c’est immensément large : c’est amener ses enfants à leur match le dimanche et le suivre avec passion, c’est marcher 1km plutôt que de prendre le métro, c’est tomber sur Roland Garros à la télé et se retrouver à encourager une joueuse qu’on ne connaissait pas 2 minutes plus tôt. L’important c’est le plaisir qu’on en tire. Il ne faut pas se forcer, ne surtout pas se blâmer, mais faire les choses parce qu’elles nous rendent heureuses. Pour le sport c’est pareil, l’important est de trouver ce qui nous fait nous sentir bien. Et ça, c’est déjà être une vraie championne.

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