Portrait #76 Claire

Claire a co-fondé une marque de football made in Europe pour les femmes qui aiment la Mode, qui milite pour le droit de jouer pour toutes  : Alké. Bref, Claire pratique le football mais pas que, et elle explique comment lui est venue cette envie de faire de sa passion son métier. Let’s Go Girl !

Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?

Je pratique le football et le running. À une époque je faisais du sport plusieurs fois par semaine, mais en travaillant c’est devenu plus aléatoire. Depuis le mois de mars je suis entrepreneure et j’apprends à gérer mon entreprise et dégager du temps pour moi donc je pratique parfois plusieurs fois par semaine et parfois seulement une fois par mois.

Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?

Quand j’étais petite, dès 4/5 ans j’ai commencé à faire de la danse classique et contemporaine. J’aimais la rigueur de la danse classique, la technicité et le fait de progresser, mais j’aimais aussi la possibilité de laisser mon corps totalement s’exprimer dans la danse contemporaine. On faisait énormément d’improvisations et c’était un peu comme du théâtre mais avec le langage du corps et de la musique.

Et puis, à la fin de l’école primaire, j’ai commencé à me rendre compte, que je courais très vite, plus vite que certains garçons et j’ai commencé à jouer au foot. Je n’avais pas vraiment de technique, mais je savais récupérer la balle et la passer à la bonne personne. C’était très frustrant car souvent, c’était les garçons qui jouaient et moi j’étais assise sur le banc et je les regardais. Parfois, ils me laissaient jouer, mais ce n’était pas si fréquent.

Le gymnase où je faisais de la danse était en face du stade de football, quand mon père venait me chercher à la danse, je le retrouvais toujours en train de regarder un match. Mon père est fan de football, mon grand-père l’était aussi, je pense que cela m’a poussée à passer de l’autre côté du terrain. C’est comme un héritage familial. Du coup, au lycée, je commence à jouer en club et je continue en école de commerce. À cette époque, le football était complètement intégré dans mon quotidien, je me déplaçais avec mon club pour jouer des matchs et cela m’a permis de rencontrer énormément de gens.

Quand j’ai commencé à travailler, j’ai développé, avec une collègue, une équipe de football au sein de l’entreprise. Et pendant 6 ans, j’ai adoré pratiquer ce sport avec mes collègues qui sont devenus au fil des années bien plus que de simples collègues.

Depuis la création de mon entreprise, je jongle avec ma nouvelle vie professionnelle et ma vie personnelle, du coup je joue moins mais je cherche mon équilibre.

Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?

Aujourd’hui, je pratique le plus souvent le football avec des amis dans des « Five », c’est le plus pratique pour se retrouver. Je joue autant avec des garçons qu’avec des filles. Quand je joue avec des garçons, en terme de physique c’est plus dur, mais j’aime les challenges.

En réalité, ce que je préfère c’est jouer dehors sur un grand terrain, mais à Paris je trouve ça plus compliqué quand on n’est pas dans un club.

Pour ce qui est de la course à pied, mon spot du moment est au Parc Monceau qui est proche de chez moi.

Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

Le sport apporte un sentiment de bien-être, quand je vais courir ça m’aide à évacuer le stress et toutes les tensions de la semaine. Quand je fais du foot, j’ai en plus l’impression d’avoir construit quelque chose avec une équipe, d’avoir fait attention à chacune, chacun, et d’essayer de donner le meilleur de moi-même pour les autres. Le course quelque soit le terrain me permet de me recentrer, je me sens apaisée spirituellement et physiquement.

Je pense que le football comme la danse m’ont permis de m’exprimer, de dévoiler une facette de moi-même, quelqu’un d’engagé, qui n’a pas peur. Dans ma vie, je suis en flip tout le temps, sur le terrain, j’y vais et je ne me pose pas de questions…

Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?

Je pense que le sport m’a donnée confiance en moi, m’a permis de nouer des liens solides avec des personnes qui n’étaient pas dans mes « cercles » au départ. Il m’a permis de me découvrir et de découvrir les autres. Avec le sport, je me rends compte que mon corps est capable de beaucoup, qu’il me soutient.

Quand j’étais en club, je travaillais énormément la technique et je souhaitais progresser. J’avais une vision sportive axée sur la performance principalement. Alors qu’aujourd’hui je pratique quand j’en en ai envie et pour mon plaisir.

Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?

Mon meilleur, je crois que c’était une fois pendant un match en école de commerce contre Centrale, où j’ai marqué deux buts, dont un de la tête. Cette année-là, on avait gagné la coupe de Nantes et j’étais fière de notre équipe.

Mon pire souvenir c’est d’avoir jouer un lendemain de soirée et d’avoir vu le double de moi-même qui n’arrivait pas à taper dans la balle, et le coach dépité à côté. Quand j’y repense ça me fait beaucoup rire !

Quel est ton prochain objectif ?

Pour l’instant je suis blessée d’une entorse du genou assez sévère, mon objectif est de me remettre pour pouvoir à nouveau fouler les terrains car ça me manque énormément.

En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?

Bien sûr, comme je le disais, dans la cour de l’école tous les mecs jouaient au foot et moi je n’avais qu’une envie c’était de jouer avec eux. Parfois ils m’acceptaient mais ce n’était pas naturel. En réalité, on me tolérait car je jouais mieux que certains garçons, mais si vous êtes une fille et que vous débutiez, jamais les garçons ne vous laissaient jouer, alors qu’un mec qui ne sait pas jouer, on n’ose pas lui dire non.

La difficulté en France n’a rien à voir avec la difficulté dans d’autres pays, où le droit de jouer est un véritable droit aux loisirs et à l’émancipation. En mai dernier, nous avons été rencontré l’association Ladies Turn au Sénégal qui a pour objectif la promotion du football féminin au Sénégal, et en particulier au coeur des quartiers, et sur les terrains habituellement réservés aux hommes. Le football est vu comme un vrai levier pour le leadership au féminin, pour autant changer le regard social sur le football féminin, convaincre les pères et maris de laisser leurs filles ou leurs femmes s’entraîner, est un travail de titan.

Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?

Je pense qu’il ne faut pas avoir peur : testez, osez, essayez. Je pense que le seul moyen pour que les choses évoluent c’est que des femmes aillent sur les terrains. Le terrain de jeu appartient autant aux hommes qu’aux femmes. Les bénéfices que procurent le sport pour la santé et le bien être sont énormes et ça serait dommage de s’en priver. D’autant que je suis persuadée que les femmes sont plus à mêmes de construire quelque chose en équipe, d’être soudées dans la difficulté.

Aussi, dans la société actuelle le rapport au corps est très difficile, on voit des images partout, des modèles à suivre et on se sent parfois mal et loin de son corps. Le sport est justement le meilleur moyen de se reconnecter à son corps, tout en se déconnectant de tous les préjugés. Trouver soi-même sa source de bien-être, c’est ça le plus important.

« Il n’y a rien d’écrit, chacune doit trouver le chemin qui lui convient ».


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