Portrait #75 : Claire

Claire a vécu mille vies, elle a commencé tardivement le sport et pourtant elle a eu plusieurs expériences : pour le fun, pour maigrir, par addiction. Découvrez comment Claire en est venue à pratiquer le sport par plaisir. Let’s Go Girlz !

Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?

Je fais du yoga deux à trois fois par semaine, en cours ou chez moi lorsque j’en ressens le besoin. Je fais aussi du stretching, l’activité que je préfère. Je pratique également la course à pied et du cardio, une à deux fois par semaine. 

À Paris, je me déplace principalement en vélo ou à pied et de temps en temps, je me challenge pour tester un nouveau cours. J’aimerais essayer prochainement l’escalade et la danse.

Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?

Le premier sport qui m’a marquée, c’est la gymnastique vers 11 ans. Je finissais dernière à toutes les compétitions mais cela ne m’a pas empêchée d’en faire pendant 4 ans. À part cette activité, je n’aimais pas du tout les cours de sport à l’école, j’avais peur de la balle, j’étais très petite donc personne ne voulait de moi dans son équipe. J’y allais la boule au ventre.

Pendant 12 ans, je ne pratique plus de sport du tout. Je reprends en 2014 lorsque je déménage en Hollande, je me suis mise à aller partout en vélo alors que j’avais toujours franchement détesté ça. Pour aller à mon travail, je devais pédaler 50 minutes matin et 50 minutes le soir. J’ai pris goût à ces moments de lâcher prise, je me vidais la tête, et me sentais plus libre.

Ensuite, en 2015, je me suis mise petit à petit au yoga, à la boxe et à la course à pied, d’abord 15 minutes puis 1h.

J’ai recommencé le sport à cette époque pour contrôler mon poids, obsession contre laquelle je me bats toujours. En plus, j’habitais au bord de la mer et j’ai pris goût au vent frais fouettant mon visage. Cela m’apportait une sensation de fraîcheur alors que ma vie n’était pas du tout saine à l’époque, je ne prenais pas soin de moi. Si je mangeais déjà sainement et si j’aimais déjà beaucoup la marche à pied, et bien, je buvais, fumais en excès depuis 10 ans et souffrais de troubles du comportement alimentaire depuis le lycée. Je n’arrivais alors à bouger mon corps qu’enivrée. Sans cette sensation d’ivresse, mon corps me faisait l’impression d’un étau, d’un fardeau sans grâce et sans féminité.

« Le sport m’a aidé à me réapproprier mon corps et à m’y sentir mieux ».

Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?

Je fais du Hatha yoga chez une super prof à Montreuil tous les mercredis soir et du Vinyasa yoga tous les dimanches matin au Rêv café avec Cosmic Yoga France à Montreuil. Je fais du cardio et du stretching à Neoness Nation et je cours dans les bois de Vincennes ou le long de la coulée verte.

Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

Je prends enfin soin de moi. Je ne fume plus et je ne bois plus comme avant depuis plus de trois ans. J’ai perdu mes kilos superflus et je me sens tonifiée et plus confiante. Le stretching me fait un bien fou, mentalement et physiquement. Je reprends le pouvoir sur mon corps, dès que j’ai des douleurs je me soulage en m’étirant et cela a un effet immédiat qui unit aussi mon corps et mon mental. Du coup, je suis plus à l’aise dans mon corps et en paix dans ma tête. Cela me permet aussi de maîtriser mon anxiété. Et surtout, le sport m’aide à vivre aussi sereinement que possible avec deux maladies chroniques, dont une endométriose.

Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?

Tellement, c’est tout ça à la fois. J’apprends enfin à aimer mon corps et à être plus à l’écoute de celui-ci. J’ai enfin compris que le corps et l’esprit ne faisaient qu’un. Le sport n’est plus une punition à subir, mais ma grotte secrète, mon refuge.

Et puis, je suis devenue LA sportive de mes amis, une évidence qui n’est plus questionnée, même pour ceux qui me connaissent depuis le lycée. C’est trop drôle car avant c’était tout le contraire. J’étais LA Mme Grinch du sport et je militais ardemment pour la reconnaissance du Pub-Crawling en tant que seule et unique discipline sportive d’intérêt.

Le sport fait dorénavant partie intégrante de ma vie, après être passée par plusieurs étapes, du « le sport c’est pas pour moi et ne le sera jamais » à une addiction et enfin à une pratique actuelle intuitive et bienveillante.

Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?

Mes pires moments étaient à l’école : de l’école primaire à la terminale, lorsque mes camarades de classe ne me choisissaient dans leur équipe qu’en ultime recours car la petite Claire, avec ses grosses lunettes et sa peur du ballon, n’est pas un atout de taille.

Mon meilleur moment : toutes les fois où j’atteins une sensation de plénitude en fin de course à pied. C’est chimique, c’est magique. Toutes les fois, où ma pratique du yoga a soulagé mes douleurs.

Quel est ton prochain objectif ?

Lever le pied sur le sport, je dois en faire un peu moins et plus en douceur. J’ai en effet été diagnostiquée récemment d’une Endométriose et d’une Adénomyose, ce qui me cause des douleurs abdominales, pelviennes et à la jambe gauche. Cette maladie ne se guérit pas et au contraire progresse au long de la vie d’une femme. Le sport me permet de traverser cette épreuve de manière formidable mais je ne peux plus courir trois fois par semaine. Cela enflamme ce corps dont je cherche justement à prendre soin. Finalement je retrouve un rapport plus équilibré, surtout personnalisé, avec le sport.

En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?

Au début, j’avais peur et je n’avais pas confiance en moi, donc je me cachais. La première fois que je suis entrée dans une salle de cours collectif pour faire du Body Pump, je suis repartie en courant la première minute. Cela s’est reproduit quelques fois par la suite. Si j’arrive maintenant à aller à ce genre de cours toute seule, je ne peux toujours pas me mettre devant dans la salle, mais petit à petit j’arrive à me placer presque au milieu. Dans mon expérience personnelle, je ne pense pas que ce soit lié à ma qualité de femme. Je pense qu’un homme mal dans sa peau rencontrera les mêmes difficultés.

Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?

Mon conseil serait de se mettre au sport pour soi-même et sa santé sans rien avoir à prouver aux autres. Commencer petit à petit sans vouloir de résultats immédiats et sans suivre de programmes trop intensifs. Avec le recul, tous les petits pas que j’ai pu faire ont conduit à un changement spectaculaire. Mais ça on ne le voit qu’avec le temps et le recul.

Je conseillerais aussi de commencer par du stretching, ou du yoga doux… Cela fait un bien fou et donne confiance dans les possibilités de son corps. J’adresserai enfin un message spécial aux femmes souffrant de douleurs chroniques : le sport peut devenir votre allié au quotidien. Bouger, même lentement, apaise, du moins le temps de la pratique et ce petit moment est précieux.

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