Portrait #80 : Camille

Camille est une femme active, elle ne s’arrête jamais, sauf pour ses 8 heures de sommeil indispensables. Elle a commencé la force athlétique il y a 3 ans déjà et ses objectifs ont grandement évolué. Let’s Go Girlz !

Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?

Je pratique la musculation et plus particulièrement la force athlétique (powerlifting en anglais) à une fréquence de 4 fois par semaine. La force athlétique est un sport de force, pratiquée avec une barre et composée de 3 mouvements : le squat, le soulevé de terre et le développé couché. Le but étant de pousser le plus lourd possible.

Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?

J’ai toujours été une sportive, j’ai commencé par faire de la gymnastique à l’âge de 8 ans, jusqu’à l’adolescence. Puis j’ai fait de l’escalade, jusqu’à passer le diplôme vers 18 ans.

Je pratique aussi, depuis mes 15 ans la danse bretonne, qui est une passion familiale commune. Mais je considère ce sport plutôt comme un loisir.

En arrivant à Paris, j’ai fait quelques cours de fitness chez moi, principalement pour maigrir. C’est en rencontrant mon conjoint, il y a maintenant 3 ans, que j’ai commencé la force athlétique. Il faisait ce sport depuis plusieurs année et j’avais beaucoup grossi, je me sentais mal dans mon corps alors un jour, j’ai osé aller dans une salle de sport et il m’a fait découvrir la force, j’ai tout de suite accroché.   

Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?

Je pratique la musculation en salle à côté de la maison. Il me faut une salle pratique, ouverte tôt le matin, avec des gens sympas même si je reste très solitaire dans ma pratique.

Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

Je n’ai jamais aimé les sports d’équipe. J’aime pouvoir réussir seule ou échouer par mon propre fait. La force me permet de me dépasser chaque jour, j’ai appris à me réconcilier avec mon image, à gagner en confiance en moi, à assumer qui je suis et tout cela grâce à moi. On m’a aidée et soutenue évidemment, mais si je réussis à soulever la barre, c’est grâce à moi et j’aime ça.

La force m’a permis de sortir du culte du corps, j’ai toujours été mal dans mon corps et avec la force athlétique je me suis détachée de cette pression, je me suis concentrée sur ma force et mes capacités physiques et mentales.

Ce sport m’aide également à me canaliser, il faut être concentrée, chaque mouvement est contrôlé, les blessures sont comme une épée de Damoclès.

Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?

Oui, ce sport a énormément changé la vision que j’ai de moi, de mon corps et de mon état d’esprit. J’ai découvert récemment que j’avais un mental. La force physique que j’ai développé est une révélation. Je ne me perçois plus de la même façon, je suis forte et fière de mes performances.

Au-delà du sport c’est aussi les réseaux sociaux autour du sport qui m’ont aidés à changer celle que je suis aujourd’hui.

Ma vision sportive a évolué car je juge beaucoup moins mes performances et celles des autres. Avant, j’étais assez critique, alors qu’aujourd’hui je suis beaucoup plus bienveillante avec moi-même et les autres. Je me rends aussi compte que la force athlétique est un sport qui nécessite beaucoup d’investissements personnels, sur le plan alimentaire, physique.

Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?

Mon meilleur moment sportif c’est d’atteindre les 100 kgs en soulevé de terre. La barre à 3 chiffres est un gros palier, je peux coupler cette réussite avec le 100 kgs en squat qui finalement était stressant mais j’ai réussi du premier coup, c’était moins « héroïque. »

Je n’ai pas vraiment de pire moment, c’est plutôt une période entière qui a été difficile pour moi. Quand j’ai changé de travail, j’ai dû revoir tous mes entraînements et aller m’entraîner à 6h du matin. Mon compagnon n’était plus là physiquement avec moi, je perdais mes repères et un soutien de taille et puis, doucement, il a lâché ma progression et mes programmes. Il était temps que je trouve un autre coach sportif. Ça été une période compliquée. Je me suis demandée pour qui j’allais à la salle depuis 2 ans, pour moi ou pour lui. Depuis que j’ai mon propre coach, je me sens libre, indépendante et fière de mes capacités.

Quel est ton prochain objectif ?

Depuis un an, je prépare ma première compétition de force « Premier pas » avec mon coach sportif. C’est au mois d’octobre, ce sera ma première compétition tous sports confondus.

Mes objectifs précis sont les suivants : 105 kgs en squat, 125 kgs en soulevé de terre et 62.5 kgs en développé couché.

En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?

Oui bien sûr, je suis arrivée à la salle habillée comme un sac, j’avais honte de mon corps. On nous demande d’avoir le ventre plat, sans cellulite etc. Je suis plutôt petite, rondelette, cheveux courts, je n’attire pas le regard des hommes pour mes courbes mais plus pour mes performances d’aujourd’hui. Maintenant je suis en legging brassière sans complexe mais je pense que c’était surtout le regard de moi sur moi qui était plus dur que le regard des autres dans la salle.

Même si aujourd’hui je m’assume totalement, la société, les collègues de travail, les amis ont toujours un avis sur tout, trop musclée pour une femme, un dos trop large, de trop grosses cuisses, de trop gros biceps et puis les cheveux courts. Pourtant je me maquille tous les jours, je reste féminine, mais développer sa musculature n’est pas « normal » pour une femme. Sauf si c’est pour avoir un ventre plat et de belles fesses.

Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?

Je pense que chaque personne à un sport qui lui correspond. Les femmes ne devraient pas se forcer à aller en salle de musculation par pression d’avoir un corps comme sur Instagram. Elles ne devraient pas se forcer d’aller sur un tapis ou sur le vélo si elles n’aiment pas ça. Je pourrais m’acharner sur un tapis pour perdre mes 5 kgs en trop mais je n’aime pas ça alors je ne le fais pas.

Le sport doit rester avant tout un plaisir. Et si certains se moquent, tant pis pour eux. Personne ne sera heureux pour nous, personne ne pourra s’épanouir à notre place. Le sport permet de s’élever, si vous aimez la musculation, allez-y ! Vous avez peur du regard des hommes ? Allez-y avec une amie !





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