Avec Mathilde, nous avons profité du jardin du Luxembourg pour échanger sur sa vision sportive, sur le poids et le regard sur soi. Ce fut une belle soirée entre sujets profonds et coucher de soleil flamboyant. Let’s Go Girlz !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Actuellement, les sports que je pratique régulièrement sont la course à pied à une fréquence de 3 fois par semaine et la gym suédoise 2 fois par semaine. Je passe actuellement un Certificat de Qualification Professionnelle d’Animateur de Loisir Sportif et j’ai commencé à enseigner chez Swedish Fit en août. Dès que je peux, je teste d’autres disciplines que je pratique un peu moins régulièrement (escalade, slackline, crossfit, yoga…).
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
J’ai commencé par pratiquer la danse classique enfant, c’était le sport des petites filles à l’époque. Je n’aimais pas du tout, c’était un sport trop rigide, je n’étais pas souple et je n’arrivais pas à suivre les cours. Je m’enfermais même dans les toilettes à l’heure des cours. Du coup, ma mère m’a inscrite à la danse moderne, j’ai adoré et j’en ai fait pendant 15 ans. Il y avait moins de cadre que la danse classique, ce sport me semblait plus varié et j’arrivais à évoluer.
En parallèle je faisais du badminton notamment pour être avec mes copines. J’ai même passé des certifications d’arbitrage au niveau départemental.
Arrivée à l’université, j’ai choisi des cours de sport afin d’alléger mon emploi du temps et aussi pour déstresser. J’ai fais de la salsa, du step, des techniques douces etc.
En première année de master, je suis partie au Canada pendant un an. Seule dans un pays étranger, j’ai commencé à aller à la salle de sport et à courir. J’avais peur de prendre du poids parce que l’alimentation à la cantine de l’université n’était pas hyper saine.
En revenant en France, j’ai continué de courir et de faire de la musculation en salle de sport. Une collègue m’a proposée de tester un cours de gym suédoise, j’ai trouvé que c’était un sport complet (à la fois cardio et renforcement musculaire), j’étais rincée mais j’ai adoré.
De manière générale, l’aspect contrôle du physique et surtout du poids m’a souvent amenée à débuter un sport. J’ai toujours été au-dessus de la courbe de poids médicalement et j’ai dû faire pas mal de régime et pratiquer du sport pour maigrir dès ma petite enfance.
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
En-dehors de la gym suédoise que l’on pratique parfois dans de très belles installations, j’adore courir le long de la Seine. Le must, c’est de courir dans les forêts de pins chez mon grand père, sur la côte aquitaine.
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
Le sport m’apporte une meilleure vision de moi-même. J’ai malheureusement commencé le sport pour de « mauvaises » raisons. Pour quelqu’un qui a beaucoup de soucis avec son image et sa confiance en soi, le sport m’apporte ce petit supplément de force pour me dire que je peux maîtriser mon corps et l’emmener plus loin en terme de performances.
La gym suédoise m’a permis de me rendre compte que même en n’ayant pas le corps d’une sportive, on peut l’être. J’ai envie de partager cet état d’esprit, de transmettre l’envie de faire du sport pour soi. Quand je pratique du sport je ne me pose plus de question, je fais le vide et je me sens bien.
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
Je détestais cordialement l’athlétisme et l’endurance à l’école, j’étais vite au bout de mes forces, j’en pleurais. Pouvoir redécouvrir le sport à mon rythme et quand j’en ai besoin ou envie m’a permis de supprimer l’aspect « contrainte » notamment pour la course à pied. Je n’aurais jamais pensé me lancer là-dedans, et encore moins réussir à m’y tenir et à participer à des courses.
J’ai mis deux ans avant d’aimer courir et d’évoluer grâce à des sessions plus techniques. J’avais envie de me prouver à moi-même que je pouvais y arriver, je partais de loin, je me suis entêtée et aujourd’hui je suis fière de mes progressions.
Je fais toujours du sport par rapport à mon corps et mon poids, en revanche ce n’est plus la seule raison, je pratique aussi pour me sentir bien, me défouler et me découvrir.
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
Mon pire moment est probablement lorsque je me suis blessée aux genoux en course à pied. Je n’arrivais pas à me soigner et j’avais l’impression que ça ne reviendrait jamais.
Mes meilleurs moments sont ma première course officielle (le 10 km d’Adidas) et mon deuxième cours de gym suédoise, j’étais beaucoup trop stressée au premier cours pour l’apprécier.
Quel est ton prochain objectif ?
Décrocher mon Certificat de Qualification Professionnelle d’Animateur de Loisir Sportif !
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
Je crois que oui. Le passage de la danse qui est un domaine plutôt féminin où je n’avais pas vraiment été confrontée au sexisme à la salle de sport a été violent. Des mecs qui squattent les machines à ceux qui font des remarques sur nos fesses quand on court, ce n’était pas facile.
La plupart de mes amis ne font pas beaucoup de sport, ils ont parfois un peu de mal à comprendre ma démarche, ils me disent que je suis folle, heureusement j’ai pu en initier certains à la gym suédoise. Ma famille ne saisit pas trop l’intérêt non plus, ils ont peur que je me fatigue, surveillent ce que je mange, ne voient pas pourquoi mes engagements sportifs passent parfois en priorité.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Il n’y a pas besoin d’avoir un corps parfait, des performances de folie ou même de savoir précisément ce que l’on fait ou ce que l’on veut faire pour commencer le sport. J’ai beaucoup tâtonné, j’en ai testé plein et souvent cela ne s’est pas très bien passé, je crois que quand on se lance une fois ça devient plus facile après. C’est dur de sauter le pas et peut être encore plus de se sentir légitime quand on en fait, mais en vrai on doit déjà tellement lutter au quotidien que si on peut lâcher un peu prise là-dessus déjà ça serait pas mal. On est toutes dans le même bateau !