Portrait #83 : Claire

Claire a encore des complexes sur son poids, mais elle ose se dépasser et quand elle fait du sport, elle oublie tout (ou presque). Let’s Go Girlz !

Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?

Je pratique la course à pied, 2 à 3 fois par semaine. J’aime bien découvrir d’autres sports (yoga, fitballet, body barre…), j’ai besoin de faire une activité dans laquelle je peux me dépenser mais comme je me déplace beaucoup avec mon boulot, cela n’est pas évident d’être régulière. De plus, je suis maman d’une petite fille de 2 ans donc mon planning est assez serré, j’ai l’impression de courir toute la journée.

L’été, je pratique beaucoup la randonnée, je ressens un réel besoin de quitter Paris et d’aller profiter de la nature, de respirer un autre air.

Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?

J’ai toujours fait du sport tout au long de ma vie. J’ai commencé la natation quand j’étais toute petite, j’aimais le contact avec l’eau, je me sentais comme un poisson dans l’eau. J’ai pratiqué pendant une dizaine d’années en club. Comme beaucoup de petites filles, j’ai aussi fait de la danse et de la gymnastique.

Puis au collège, j’ai fait du tennis, je n’étais très bonne mais j’adorais ça. Je viens de la campagne, un environnement où on est toujours actif surtout qu’il n’y pas de transport en commun. Le vélo est le seul moyen d’aller voir des copines.

Mon père est un grand coureur, il a, à son actif, de nombreux semi-marathons et marathons. J’ai passé de longues heures avec ma mère et ma sœur à l’attendre dans le froid pendant une course loin de la maison. J’avais essayé de courir un peu mais sans grand intérêt. J’ai toujours eu des soucis de poids depuis que je suis jeune. Donc arrivée au lycée, je me suis remise à courir avec une copine et en changeant mon alimentation, j’ai perdu énormément de poids (environ 20 kg). Il me fallait un déclic.

J’ai eu une période « no-sport » quand j’ai commencé mon école d’ingénieur ; le rythme était tellement soutenu que je n’avais pas le temps, ni l’envie. Une fois que j’ai été bien installée dans ma vie professionnelle et quelque peu encouragée par une collègue, je me suis remise à courir et depuis 8 ans, je ne m’arrête plus sauf pendant ma grossesse, j’ai fait un bon break.

Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?

Le dimanche, je cours dans mon quartier le long du canal de l’Ourcq et aux Buttes Chaumont quand je veux varier les plaisirs. Ensuite la semaine, je vais dans un parc à Nanterre à côté du bureau et en déplacement, j’essaie de choisir un hôtel près d’un parc ou avec une salle de sport.

Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

J’ai pas mal de pression au boulot donc ça permet de décompresser, de me vider la tête. Même si parfois, je n’ai pas envie car du coup je ne vais pas déjeuner avec mes collègues, le déjeuner étant un moment de complicité et de lien social ensemble. Quand j’arrive à faire 2/3 séances dans la semaine, je me sens beaucoup mieux dans mon corps. Comme je suis très gourmande, ça me permet de déculpabiliser. Le sport me permet de ne penser à rien pendant un moment, j’oublie les contraintes, la charge mentale du quotidien et c’est vraiment un rendez-vous agréable avec moi-même.

J’ai besoin d’être en mouvement, d’être active et le sport me permet de me sentir vidée et de ressentir une fatigue physique. Pendant une séance, je me rends compte de mes capacités physiques, après cette séance, je suis allée au bout et j’en suis fière.

Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?

Quand tu commences à être régulière, tu essaies de te fixer des objectifs. À chaque palier que tu franchis, tu es fière de toi. C’est pour ça qu’un jour, je me suis dit que j’allais faire le marathon de Paris. Je suis ressortie grandie de ce challenge pour lequel peu de monde pensait que j’allais le faire. Ça a motivé d’autres personnes à le faire et ça m’a fait plaisir. Même si je me vois toujours comme une imposteure quand je vais retirer mon dossard car je n’ai pas le physique d’une athlète, j’oublie tout ça, une fois la médaille autour du cou.

Via Instagram, je suis beaucoup de sportives connues ou non et leurs performances me font changer ma vision du sport. Elles n’ont pas forcément le physique qu’il faut mais avec leur volonté et l’envie, elles accomplissent des choses que je ne serais pas capable de faire et oui, ma vision du sport et de la sportive a changé.

« Tout le monde est capable de faire des exploits ! »

Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?

Mon meilleur souvenir restera le marathon de Paris et j’ai toujours en tête de le refaire un jour. La préparation a mal commencé car au bout de 2 semaines, j’ai ressenti une douleur type périostite. J’ai donc arrêté pendant 2 semaines. Le médecin du sport que j’ai vu m’avait dit qu’il fallait que je sois plus rapide sur un semi avant de courir un marathon. Je faisais partie d’une team les RunChic et nous étions entrainées par Carmen Olivera. On s’est encouragé pendant 3 mois avec nos hauts et bas. Pendant le marathon, des copines sont venues courir les 12 derniers kms avec moi et le fait de voir mon chéri sur les derniers 100 mètres ça aide beaucoup pour un premier marathon . L’ambiance avant, pendant, après restera un très beau moment. Je n’ai rien dit à mes parents pour ne pas me mettre la pression. Ils étaient étonnés et supers fiers quand je leur ai envoyé une photo de moi avec la médaille.

Mon pire souvenir est mon premier semi-marathon, celui du Bois de Vincennes en 2015. J’y étais allée tranquille pensant que je m’étais bien entrainée – je faisais 2 petites séances par semaine, le mot fractionné n’était pas trop dans mon vocabulaire.
Avec le recul, je n’étais pas du tout préparée. J’ai fait un temps horrible, le parcours m’a ennuyée, j’ai vu des étoiles à l’arrivée tellement j’étais à bout. Ce fut une grosse remise en question. C’est aussi à ce moment-là que je me suis dit que j’aimais faire des courses très populaires et en ville pour l’ambiance, les frissons que je ressens à chaque fois que je passe devant un groupe de musique, la présence de supporters tout le long du parcours et le fait qu’il y ait beaucoup de participants (je ne me sens jamais seule).

Quel est ton prochain objectif ?

Refaire le marathon de Paris, pourquoi pas en 2020 et si possible faire les derniers mètres avec ma fille. Je crois qu’un Half marathon des sables ou une épreuve de randonnée sur plusieurs jours me tenterait bien.

Mon objectif à court terme est une course en octobre : les 20 kms de Paris. J’aime particulièrement les courses avec beaucoup de monde, en ville, j’ai besoin d’action autour de moi.

En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?

Je me suis mise des barrières, je n’étais pas forcément à l’aise avec mon corps et mes performances notamment quand j’allais m’entrainer dans des groupes comme Nike Running Club ou Boost Adidas. J’ai rencontré des amies grâce à ces groupes et le fait d’être plusieurs aide beaucoup à se dépasser. Mais je crois que via Instagram et les femmes qui m’inspirent, j’ai pu m’enlever certaines barrières. Avec l’âge, j’essaie de prendre plus de recul sur mes complexes mais quand je me retrouve dans un cours avec des filles plus jeunes ou de jeunes mamans avec ventre plat, les complexes reviennent.
Lors de ma grossesse, j’ai continué à être active. Je n’ai pas couru car j’ai eu quelques complications les premières semaines mais après 3 mois et avec l’accord du médecin, j’ai fait du yoga, de la marche et de la randonnée. Je ne voulais surtout pas aller dans des cours prénataux car j’avais toujours ce besoin de me dépenser et je trouvais ces cours pour femmes enceintes très plan-plan.
Les gens me regardaient bizarrement quand je les doublais en montagne à 6 mois de grossesse ; j’ai eu droit à quelques remarques. Je n’ai jamais pris de risque et j’ai toujours été raisonnable mais les gens et même certains médecins ne comprenaient pas pourquoi je ne pouvais pas rester tranquillement chez moi sur mon canapé.
Je vois que les mentalités changent et les marques aussi car aujourd’hui, on trouve plus de vêtements de sport adaptés aux femmes enceintes. Il y a encore 3 ans, c’était ultra compliqué et très cher. Il y a aussi l’effet inverse de femmes enceintes qui font n’importe quoi pendant leur grossesse et qui font culpabiliser avec un corps de rêve juste après l’accouchement. On n’est pas toute logée à la même enseigne sur le post-partum pour retrouver une condition physique et la société n’est pas forcément tendre là-dessus.

Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?

Il faut arriver à trouver une activité qui nous plaise. Surtout ne pas hésiter à varier les plaisirs, tester plein d’activités différentes. Même si on est complexée, il faut essayer de dépasser cette peur car en finissant le cours, on se sentira bien et fière de soi. Être entourée, avoir des ami.e.s qui partagent aussi la même passion permet de se dépasser. Ça crée des liens très forts. Il ne faut pas être focus que sur la performance, éviter de se comparer aux autres et ne pas se juger.

Laisser un commentaire