Nina est une femme investie qui travaille en tant que développeuse dans une entreprise qui encourage les entrepreneures dans la tech. Nina aime analyser des situations, comprendre pour mieux avancer. C’est donc naturellement qu’elle s’est mise au football américain. Let’s Go Girlz !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Je pratique le football américain chez les Dragons de Paris deux fois par semaine mais nous nous organisons pour effectuer un entraînement « sauvage », à savoir sans coach, juste entre joueuses, une fois par semaine.
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
J’ai commencé très jeune avec un cours d’éveil de danse moderne jazz, certainement pour faire comme ma grande soeur. J’ai pratiqué plusieurs années, je n’étais pas fan du sport en lui-même mais l’ambiance collective et la professeure m’ont fait apprécier pendant quelques temps. Puis j’ai testé différents sports notamment le karaté et le baseball par curiosité. J’ai ensuite pratiqué pendant plusieurs années le tennis et en parallèle, j’ai débuté le golf parce que mes parents jouaient aussi.
Pendant plusieurs années, j’ai joué au golf tous les mercredis et les week-ends, j’avais mon groupe d’amis et on passait beaucoup de moments ensemble sur les terrains. C’était un moment pour se retrouver et c’était vraiment chouette.
J’arrête le sport après le BAC pour me consacrer entièrement à mes études et à ma vie d’étudiante. Pendant ces cinq années d’arrêt de sport, je prends pas mal de kilos et je ressens le besoin de me sentir mieux physiquement.
En 2016, je décide de faire un sport d’équipe, je pense directement au rugby. Venant de Perpignan, c’est LE sport de ma région et j’ai toujours suivi assidûment les performances des différentes équipes de Top 14. Une amie, revenant vivre à Paris à ce moment-là et qui faisait du football américain dans son université en Angleterre, m’a proposé de tester avec elle à Paris voyant les similarités évidentes avec le rugby.
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
Je pratique à Paris, chez les Dragons de Paris où le terrain se trouve plus spécifiquement au stade Suzanne Lenglen à Balard. je n’ai pas de spot favori, j’ai juste besoin d’avoir un peu d’espace !
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
Au quotidien, je pense que cela me permet de me sentir mieux dans mon corps. Je me suis vu changer physiquement en reprenant la pratique du sport. Le football américain m’a permis d’être épanouie.
Et puis, n’étant pas originaire de Paris, cela m’a permis de rencontrer des gens qui, en plus, partagent la même passion.
Dans l’équipe, on vient toutes d’univers différents et cela m’a permis de m’ouvrir un peu plus. L’équipe a été avenante avec moi, j’ai très vite été intégrée, chaque femme a son importance, sa personnalité, sa place au sein de l’équipe. Je pense que faire partie de cette équipe, avec des coéquipières aussi bienveillantes m’a encore plus fait aimer ce sport. Grâce au football américain, je me suis crée une nouvelle famille d’amies.
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
Effectivement, cela m’a permis de m’ouvrir, comme dit précédemment. Je suis de base, assez introvertie et faire du sport m’a donné confiance en moi de toute évidence. Je me sens aussi mieux dans mon corps.
Au football américain, je joue offensive line, un poste assez peu reconnu mais indispensable pour que les actions de jeu se déroulent bien et que les running backs ou les receveurs puissent aller marquer des Touchdowns.
C’est un poste où il faut avoir un instinct protecteur et savoir que de toute évidence, les projecteurs ne seront pas sur toi. C’est un véritable sport d’équipe. Chaque joueur a une tâche vraiment spécifique à accomplir et le moindre grain de sable peut enrayer la machine. Mon poste m’a permis de me rendre compte de ma capacité d’analyse et de comprendre les stratégies. Aujourd’hui, j’ai envie de transmettre la logique que j’ai apprise à mes coéquipières.
Avec le football américain, je sais aujourd’hui que je peux me dépasser. Je sais que je suis capable de beaucoup plus que ce que j’imaginais.
Dans ma vision du sport en général, j’ai toujours été une passionnée de sport, mais j’ai pratiqué principalement des sports individuels. Le football américain m’a fait comprendre ce qu’était véritablement un esprit d’équipe, les valeurs autour et l’humilité.
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
Mon meilleur moment sportif, je pense que cela a été mon premier match avec les Dragons de Paris. J’étais très stressée, j’avais la sensation de ne plus connaitre aucune stratégie et surtout que je me ferai « marcher dessus » par mon adversaire direct qui était beaucoup plus costaud que moi.
Mais finalement tout s’est très bien déroulé et nous avons gagné. La sortie des vestiaires a été un moment très marquant pour moi. Après ce match, j’étais épuisée mais je n’avais pas du tout envie que ça s’arrête.
Mon pire moment a été lors de la finale de conférence Nord du Championnat de France il y a 2 ans. Physiquement et stratégiquement, je pense honnêtement que nous étions au dessus de nos adversaires du jour. On s’était entrainé pendant des semaines pour ce match, nous avions analysé l’équipe et étions vraiment super bien préparées.
Au bout de la 5ème action de jeu, c’est-à-dire une dizaine de minutes, notre quarterback se blesse (fracture du coude), s’en suit la blessure d’une de nos runnings back (ligaments croisés) et une grosse commotion pour notre capitaine de défense. Sans ces 3 joueuses indispensables, difficile de faire le poids. Ça a été très difficile à encaisser pour toute l’équipe. Mais de manière plus générale, même si l’on sait que le football américain est un sport de contact, assez violent, c’est toujours très difficile de voir ses coéquipières se blesser. Personnellement, cela me met toujours un vrai coup au moral.
Quel est ton prochain objectif ?
La saison en club commence en février et mon objectif est de bien figurer lors des premières journées. Nous avons changé de staff cette année avec un tout nouveau cahier de jeu. J’ai hâte de pouvoir l’appliquer en match.
Et enfin, la création d’une équipe nationale est en cours, les premiers regroupements auront lieu dès le mois de février et j’ambitionne de faire partie de l’équipe qui jouera le premier match de football américain féminin sous les couleurs de la France.
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
Je n’ai jamais eu de frein à faire du sport parce que je suis une femme. Mes parents m’y ont toujours poussé. Par contre, faire du football américain, c’est autre chose. Beaucoup de gens ont essayé de m’en dissuader car trop violent, pas adapté aux filles, etc.
Et puis, comme le rugby, on a souvent une image assez déformée des femmes pratiquant un sport « de mec ». On les imagine très masculines. Mais ce n’est pas le cas.
Personnellement, je ne me préoccupe absolument pas de ce que les gens peuvent penser lorsque je leur dis que je fais ce sport. Le plus important pour moi est de m’épanouir dans la pratique de mon sport.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Je dirais, lancez-vous, essayez et n’ayez aucun regret. Vous ne pourrez que vous sentir mieux physiquement. Vous rencontrerez des personnes qui partagent la même envie et les mêmes objectifs. Et il y aura de super moments de partage.
Ne vous préoccupez pas de ce que les autres peuvent penser si la pratique du sport vous fait vous sentir bien. Cela peut être dur au départ, même éprouvant, mais en persévérant vous ne pourrez être que satisfaites.