Portrait #98 : Chantal

Chantal est une femme qui ne rentre pas dans les cases. Elle a vécu beaucoup de folies, elle est un électron libre, c’est une personne à la folie douce et à l’accent québécois inoubliable. Aujourd’hui, elle pratique le trail mais sa passion c’était le trapèze. Let’s Go Girlz !

Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?

Je fais de la course à pied et plus précisément du trail. Je ne me considère pas comme une coureuse, mais comme quelqu’un qui prend plaisir à un sport qu’elle n’aurai jamais cru un jour pratiquer. Je suis une fière tortue malgré mes nombreux entraînements. Le trail est devenu mon sport de prédilection.
Je pratique occasionnellement l’escalade, le VTT et le vélo Gravel, je nage quand j’ai le temps. À côté de ça, je fais du stretching et du yoga. Je m’entraîne quasiment tous les jours de la semaine en alternant entre tout ça quand je peux. Je cours environ 4 fois par semaine et jusqu’à 6 fois par semaine en grosse préparation.

Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?

J’ai toujours fait du sport ou presque. Petite j’ai pu faire de la gym, de la danse, de la natation, du patin, du vélo de course et surtout ski de bosse. Adulte, j’ai découvert le trapèze en allant à l’escalade. J’en ai fait 5 ans, c’est devenu une obsession, je me sentais bien sur mon trapèze, cela développait mon côté artistique, une rigueur que je ne me connaissais pas. J’étais seule avec moi-même et j’y trouvais une pleine satisfaction.

Ensuite les aléas de la vie on fait que mon travail à l’étranger dans l’humanitaire en zone de conflit n’a laissé la place qu’à la randonnée en haute montagne. Puis presque plus de sport, avec les enfants, la vie, j’ai oublié la sportive que j’étais. Moi la fille au sport facile, celle qui est douée dès le premier coup a été reléguée au dernier plan et surtout ce n’était plus aussi facile qu’avant.
Du coup il y a trois ans je me suis vue dans une glace, glace que j’avais supprimé de mon quotidien. J’ai été faire une sortie vélo pour le fun et j’ai cru mourir ! Alors je me suis dit que ce n’était plus possible, je devais me remette en forme, perdre du poids. À 46 ans j’étais encore une femme et que je devais être fière de mon corps. Le seul sport possible était de courir, j’ai mis 2 mois à faire 5 kms sans m’arrêter, je n’y croyais pas du tout la première fois où j’ai mis les baskets…

Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?

Au début je tournais autour de la maison, j’habite un hameau de 15 habitants. L’été, je diversifie mon parcours, j’ai fait le canal du midi à vélo avec les enfants et à la rentrée j’ai fait mon premier 10 kms. J’ai découvert le trail et ses immenses possibilités par hasard en posant une question à un ami qui faisait des runs de récupération. J’essaye de courir au maximum dans les montagnes et dans les garrigues autour de chez moi. Mon spot favori est le territoire du Caroux c’est tellement beau ! J’ai fait plus de kilomètres et de dénivelés que je n’ai jamais fais là-bas. C’est mon endroit de prédilection et mon calvaire physique dès que j’y vais.

Depuis peu, je découvre le bitume à cause de mon travail qui est à Paris, je suis amenée à passer beaucoup de temps dans la capitale. Mais hier j’ai eu la chance de trouver un morceau de forêt, mes jambes étaient aux anges et moi aussi !

Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

L’échange ! Je m’entraîne seule mais avec le trail ce sport individuel est devenu un terrain d’échanges et de découvertes. Personnellement je me sens juste bien, les 28 kgs en moins aident beaucoup bien sûr. Je me sens moins impatiente plus épanouie et ouverte. 

Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?

Pendant mes années de déni, pendant ces 10 ans d’excédent de poids, de perte de contrôle de moi-même, j’ai essayé de me faire croire que le sport ce n’était pas pour moi, alors que cela a toujours fait partie de moi. Mais c’était plus facile de me complaire dans autre chose et rire des sportifs que de bouger mes fesses.

Je ne me définis pas comme sportive, car pour moi le sport est ludique, c’est un loisir. Ma définition du sport est assez compétitif avec un aspect dépassement de soi, chose que je ne fait pas dans mon activité physique aujourd’hui.

Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?

Mon pire est mon meilleur souvenir, c’est de boucler le trail du Caroux que je n’aurai jamais cru réussir. J’ai souffert du début à la fin, mais quand j’ai franchis la ligne d’arrivée, j’étais tellement contente ! Ça venait boucler 2 ans d’effort, de remise en forme et depuis je ne cesse de braver les lignes d’arrivée. 

Quel est ton prochain objectif ?

Mon prochain gros objectif est le Festival des Templiers sur le Trail Origin 78 kms et 3 800 de d+, ce sera ma troisième participation.

En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?

J’ai de la chance, je suis entourée d’une communauté géniale. Les hommes qui m’entourent sont mes premiers supporteurs, ils sont extraordinaires. J’ai été plus mal reçue, incomprise par les femmes qui sont plus dans la compétition et la comparaison. La seule fois ou je ne me suis pas sentie à ma place j’étais entourée d’une bande de filles. Mais attention, j’ai aussi la chance de connaître une communauté de filles extraordinaires (clin d’œil à mes Tee du sud entre autres) avec laquelle je me sens si bien. J’ai la chance aussi de m’entraîner dans un milieu fermé et ne pas être entourée d’élite au quotidien, ce qui évite de me sentir jugée.

Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?

Je pense qu’il faut trouver son sport, j’ai été une fanatique du trapèze, j’en suis maintenant une du trail. Parfois il faut juste y aller sans se poser de question et croire en soi car comme dans tout, la clef du problème, c’est de croire en soi même si on doute ! Et on s’en fiche de ne pas performer, l’important c’est de prendre du plaisir.

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