Portrait #102 : Alice

Alice vit à Varsovie, elle m’a expliquée qu’en Pologne tout le monde fait du sport, ce n’est pas une sous-catégorie comme cela peut l’être en France. Les sportives sont reconnues au même titre que les sportifs. Elle a découvert le rugby pendant ses études et depuis elle ne lâche rien. Let’s Go Girlz !

Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?

Je pratique le rugby avec deux entraînements par semaine. Je vais aussi deux ou trois fois à la salle de sport pour du renforcement musculaire afin d’être meilleure sur le terrain. J’ai commencé aussi à aller régulièrement au yoga et j’adore ça.

Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?

J’ai fait quelques années de danse moderne jazz lorsque j’étais petite, j’aimais beaucoup ça. Lorsque la prof est partie, je me suis inscrite à l’école de cirque pendant 1 année. Puis plus aucun sport pendant toute mon adolescence, je faisais pas mal de musique, venant d’une famille de musiciens.

J’ai commencé le rugby en deuxième année d’études supérieures, il y a 7 ans, principalement pour rencontrer des gens. Comme tous les étudiants de mon école ou presque étions loin de chez nous, il y avait plein de clubs (sport, musique, théâtre, caritatif). Lorsque j’ai vu que le club de l’université cherchait des joueuses, je n’ai pas hésité une seconde. J’ai toujours été passionnée par le rugby, depuis toute petite je regarde le sport à la télévision, j’adore ça. J’ai des souvenirs magiques des JO de Pékin et de Vancouver, de coupes du Monde de football et ma préférence : le rugby et les 6 Nations. S’il y avait eu une équipe de rugby féminine près de chez moi au lycée j’y serais allée sans réfléchir. Ensuite j’ai eu une césure pendant 2 ans. C’est en déménageant à Varsovie il y a un an et demi que je me suis inscrite à nouveau, je ressentais le manque et j’avais envie de retrouver mon sport.

Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?

J’aime beaucoup les entraînements sur le terrain notamment lorsqu’au printemps, il fait chaud et beau. En hiver c’est plus compliqué, mais lorsque j’enlève mes vêtements plein de boue pour prendre ma douche chaude, c’est une sensation extraordinaire ! Pour la salle de sport, je vais chez CityFit à Varsovie, principalement aux cours collectifs.

Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

Le sport est une composante essentielle de ma santé, de mon physique et de mon mental. Je dirais même qu’il est important d’abord pour ma santé mentale et que la santé physique est un plus.

Le sport qui vide la tête, pour moi est une réalité. Je peux passer la journée la plus horrible, je peux avoir envie de rentrer me mettre en boule sous la couette, puis me forcer à aller à l’entraînement et en sortir avec les idées plus claires, moins pessimistes. 

À un moment de ma vie, ça a carrément été une béquille. Ma mère a été très malade, je ne trouvais aucun sens à mes études et je n’allais plus en cours. Sans le rugby, les entraînements et les filles de mon équipe, j’aurais eu beaucoup plus de mal à inverser la tendance et repartir sur des bases plus saines.

Et oui, évidemment aussi, ça me permet d’être mieux dans mon corps. Après ma pause sans sport de 2 ans, j’ai pris 15 kilos et je l’ai assez mal vécu. Retourner faire du sport, c’était aussi pour perdre du poids. J’ai essayé un moment mais 2 ans après, je n’ai rien perdu, pas un seul kilo. J’ai laissé tomber, je sens bien que je suis plus forte, plus flexible, plus endurante, j’arrive à enchaîner deux cours collectifs à la salle de gym et ça j’en suis super fière. J’ai perdu quelques bourrelets mais je commence à accepter que je ne descendrais plus jamais sous les 80 kilos. 

Je tiens à mentionner aussi que sans le sport, je n’aurais pas rencontré mon futur mari car on jouait dans le même club.

Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?

Ça a totalement changé ma vision et mon rapport au sport. Comme je viens de le dire plus haut j’ai fait peu de sport avant 18 ans. Pendant toute ma scolarité j’étais la dernière en EPS, je ne fais pas partie d’une famille de sportifs et j’ai grandi avec l’idée que le sport n’était pas pour moi. Ma mère était plutôt active, ma grand-mère aussi (du genre à faire du ski en 1950), mais elles avaient toutes les deux arrêté après leur mariage. Arrivés à l’âge adulte, mes frères et moi avons chacun commencé un autre sport, mes frères, le vélo et moi, le rugby. Ca m’a appris que le sport comme le reste, tant qu’on a pas essayé et qu’on a pas été mis dans la bonne situation avec le bon sport, on ne sait pas ce qu’on veut et ce qu’on vaut. Je me considère comme quelqu’un qui fait du sport, mais pas encore comme une sportive. J’avance à mon rythme pour intégrer cette notion et me sentir un jour une sportive.

Pour moi, le sport a toujours été un moyen de rencontrer des gens et l’est encore aujourd’hui. En arrêtant pendant 2 ans le rugby, je me suis rendue compte que le sport était aussi un tout qui me permettait d’accéder à un bien être général.

Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?

Je n’ai pas vraiment de mauvais souvenir en rugby, mais un en particulier en EPS. J’avais 13 ans et j’avais un cours de piscine. Je ne nage pas très bien, et comme je ne faisais pas de sport, j’ai détesté les 3 mois de pratique obligatoires. Je faisais une longueur quand les autres en faisait trois. En plus à une époque où je n’étais pas confortable en maillot de bain, et mal à l’aise avec mon corps.

Un des meilleurs souvenirs était pendant mon premier tournoi de rugby, le seul de l’année pour nous. Nous avons gagné un match très serré, de la belle manière : c’était vraiment magnifique. 

Quel est ton prochain objectif ?

Etre titulaire et commencer tous les matchs la saison prochaine ! N’ayant pas été très mobile jusqu’à mes 18 ans, je n’ai aucune endurance, et peu de muscles internes. Mon objectif à court terme est de vraiment devenir sportive en profondeur, notamment par le yoga et la course à pied. Je ne serais pas titulaire tant que je n’aurais pas passé ce palier.

À long terme, c’est continuer à être active le plus longtemps possible. Jouer au rugby un maximum, et garder le meilleur niveau. J’espère y arriver, sachant que les sports de contact sont totalement incompatibles avec le fait d’être enceinte et que je souhaite avoir des enfants dans les années à venir. On verra comment ça se passera, certaines joueuses arrivent à revenir mais beaucoup arrêtent après leur grossesse. 

En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?

Pour moi être une femme n’a jamais été une barrière. Les barrières que je me mettais, mes frères ont eu les mêmes donc ce n’était pas du tout genré. Le problème de l’accès à l’activité physique a surtout été qu’il n’y avait pas d’équipe de rugby féminine près de chez moi. Donc c’était principalement un problème sociétal par rapport à l’accès au sport pour les femmes.

 Cependant il y avait par exemple du handball, et je regrette de n’en avoir jamais fait. Mais encore une fois ce n’était pas parce que j’étais une femme mais plutôt parce que je n’ai pas grandi dans une famille de sportifs.

Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?

Il faut essayer et y aller à 200 %. Trouvez votre passion et allez y à fond. Oui au début vous allez vous sentir nulles et tous les muscles de votre corps vont vous faire mal mais si c’est un sport qui vous passionne et que vous prenez du plaisir pendant les entraînements, c’est tout ce qui compte.

Je croyais que le sport n’était pas fait pour moi. Je n’avais jamais appris, mon niveau est la résultante de mon statut de débutante. J’etais bonne en musique parce que j’en avais fait 10 ans, 3 fois par semaine minimum. Le sport c’est pareil, on commence toutes quelque part et c’est seulement en pratiquant qu’on devient meilleure. 

De toutes les équipes de rugby que j’ai fréquentées, je n’ai pas rencontré de filles ou d’entraineur.e.s qui soit malveillant ou cassant, si tu te donnes à fond, les gens dans le monde du sport sont heureux d’accueillir des novices et de partager leur passion. En revanche si quelque chose se passe mal dans une équipe, ne pas hésiter à changer : le problème ne vient sans doute pas de vous !

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