Portrait #109 : Maéva et Andréa

Maéva et Andréa se sont rencontrées il y a 5 ans, au rugby. Elles étaient adversaires et ont tout de suite accrochées. L’une vient de Narbonne, l’autre de Bayonne, elles partagent leur passion pour le sport au travers de leur compet’Box. Let’s Go Girlz !

Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?

Andréa : Je pratique le rugby au stade français de manière régulière : 2 entraînements collectifs et 1 séance de musculation au minimum par semaine.

Maéva : Je pratique le rugby au stade français. D’ordinaire, j’ai 2 entraînements sur le terrain et 1 à 2 entraînements de musculation par semaine. Avec le covid, la saison de rugby est finie, du coup j’essaye de pratiquer du renforcement musculaire au moins 1 fois par semaine histoire de m’aérer et de me défouler.

Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?

Andréa : J’ai commencé le rugby à l’âge de 6 ans, sans raison particulière. Je pense que c’est avant tout une histoire de famille, mon papa, mon parrain, mes oncles jouaient au rugby, c’est arrivé tout naturellement. Il s’est avéré que j’avais des facilités, j’ai eu beaucoup de reconnaissances, très tôt j’ai été capitaine d’une équipe de garçons. J’ai fais 10 ans d’école de rugby, j’ai été sélectionnée en équipe régionale et nationale. Je suis rentrée dans le haut niveau à partir de 13 ans. J’ai intégré le pôle France avec les pionnières, c’était la première année de sa création en 2015. J’intègre l’équipe de France « moins de 18 ans », on devient championnes d’Europe en 2016. Puis j’enchaîne les titres/sélections (plus que les titres, au final je suis juste une fois championne d’Europe et une fois de France), je prends mon envol en terme de performances, je prenais du plaisir dans la reconnaissance de ma pratique. Puis je me blesse – les ligaments croisés – et je n’arrive plus à revenir mentalement et physiquement à ma place. Je choisis de quitter ma région, de me plonger dans mes études et d’intégrer le club du Stade Français à Paris. Aujourd’hui avec le confinement et la fin de la saison, je décide de faire une pause dans ma carrière de rugby pour sortir de ma zone de confort et me retrouver.  

Maéva : A l’âge de 3 ans, mes parents m’ont inscrite au taekwondo pour me défouler car j’étais une boule de nerf. Je suis une grande curieuse, j’ai testé beaucoup de sports dans ma jeunesse : danse classique et contemporaine, natation, judo, tennis, ping-pong… Puis le rugby à l’âge de 9 ans en mini poussin, je baignais dans cet univers grâce à ma famille. J’ai évolué dans différents clubs : Narbonne, Perpignan, Montpellier, Bordeaux et aujourd’hui Paris. Je cherche un nouveau sport individuel pour la rentrée afin de me tester et mieux me connaître.

Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?

Andréa : Je joue actuellement pour le Stade Français Paris. Etant un sport collectif, c’est difficile de parler de spot favori, si ce n’est la plage pour un peu de beach rugby. 

Maéva : Sur un stade de rugby, sinon j’adore courir et aller me fatiguer dans la garrigue dès que je descends voir ma famille dans le sud de la France, c’est un vrai bol d’air !

Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

Andréa : J’ai toujours baigné dans le sport. Il m’a appris beaucoup, notamment au niveau des valeurs. Le sport me permet de sortir de mon quotidien, de trouver un équilibre, d’avoir confiance en moi et de me sentir forte. J’espère retrouver mon mental suite à ma blessure en pratiquant un nouveau sport : de la boxe.

Maéva : Le sport m’apporte un soulagement, un bol d’air, une bonne fatigue physique qui me calme pour prendre du recul. Je suis quelqu’un qui réfléchit beaucoup, j’ai le cerveau en ébullition tout le temps, du coup le sport me permet de me poser, de ne penser à rien. J’ai besoin de ce temps pour moi pour me recentrer et pouvoir à nouveau me concentrer sur une seule chose et ne pas partir dans tous les sens.

Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?

Andréa : Je ne sais pas si le sport a changé ma vision de moi car j’ai toujours vécu avec, par contre l’arrêt du sport à haut niveau a changé ma vision de moi d’un point de vue physique (changement du corps) et d’un point de vue mental (moins confiance en moi). Pour moi, la sportive était forcément performante, c’était le sport à haut niveau et c’est tout. Aujourd’hui, avec ma blessure et le recul, je me rends compte que la sportive c’est aussi celle du dimanche. Il n’est pas nécessaire d’être en équipe de France pour être sportive : les sportives sont multiples. Je suis aussi une sportive de tous les jours, je pratique pour moi, pour mon bien-être comme beaucoup de femmes aujourd’hui.

Concernant la vision du sport, j’ai toujours trouvé ça compétitif. J’ai toujours eu du mal à voir le sport comme un loisir, un plaisir. Mais pareil, l’arrêt du haut niveau m’a fait prendre conscience que sans plaisir, il est difficile de pratiquer le sport. Avant cet objectif de compétition, je me suis rendue comme qu’il était important d’y trouver un objectif personnel (physique, mental, dépassement de soi…).

Maéva : La vision du sport n’a pas vraiment changé car je baigne dans le sport depuis mon enfance. J’aime faire du sport par plaisir et cela a toujours été le cas. Je suis compétitrice, mais avec moi-même, c’est ce qui me pousse aujourd’hui à vouloir tester un sport individuel.

Le sport faisant partie de moi depuis toujours, si je ne pratique aucune activité physique, je pète les plombs rapidement, mes nerfs prennent le dessus, on pourrait presque dire que c’est ma drogue douce, le sport me calme. Je pratique du sport depuis toute petite, pendant longtemps ma définition de la sportive c’était quelqu’un qui pratiquait régulièrement avec même un aspect compétition, ce que je fais moins aujourd’hui par manque de temps. Ma vision de la sportive évolue, aujourd’hui, la sportive, c’est quelqu’un qui a besoin de se bouger pour se sentir mieux : ce que je suis.

Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?

Andréa : Concernant mon meilleur moment sportif, j’hésite entre ma première sélection en équipe nationale (j’étais fière de moi) et mon premier titre de championne de France avec Montpellier après une année difficile (le sentiment de reconnaissance était très important).

Mon pire souvenir est lié à ma blessure – rupture des ligaments croisés – qui a eu un fort impact sur ma carrière sportive. 

Maéva : mon meilleur moment est mon titre de championne de France de rugby en cadette avec l’équipe de l’USAP, ce titre c’était le premier et sûrement le plus magique..En tout je cumule 5 titres de Championne de France, alors bien sûr c’est une fierté, mais le premier est au-dessus de tout. 

Mon pire moment est lorsqu’on m’a gentiment accompagné vers la sortie du pôle espoir de Toulouse après seulement un an. J’ai accepté de redoubler ma seconde pour pouvoir être sélectionnée dans ce lycée en espérant devenir un des espoirs du rugby féminin et fin mai 2013, je reçois un courrier m’annonçant que le jury ne me garde pas pour l’année scolaire suivante. Tout mon entourage m’a ramassé à la petite cuillère, j’étais déçue mais j’avais aussi l’impression de décevoir mes parents qui ont toujours tout fait pour que je réussisse dans ce que j’entreprends. Tout s’écroulait autour de moi, j’allais quitter des filles devenues des amies et mon monde construit jusqu’ici.

Quel est ton prochain objectif ?

Andréa : Mon prochain objectif est de faire partager et découvrir le sport autour de moi grâce à la création de la Compet’Box. Il s’agit d’une box bimestrielle qui permet de garder la motivation sportive. Le but est de partager notre vision du sport : gourmandise, bien-être et sport.

Sportivement, je vais m’essayer à la boxe l’année prochaine. J’ai besoin d’aller au-delà physiquement, de sortir de ma zone de confort et de chercher la force que j’ai perdu suite à ma blessure. Je me suis reposée sur mes facilités pendant des années, ma blessure est un déclic pour prendre conscience de ça et me retrouver.

Maéva : Créer ma propre entreprise pour pouvoir donner du sens à ma vie, je souhaite être au service des gens, répondre à leurs attentes et les aider à être heureux par la pratique d’une activité physique mais aussi en les accompagnant à prendre du bon temps pour eux.

Sportivement, je cherche un nouveau sport individuel pour me découvrir autrement que dans un sport collectif. Je souhaite trouver un rythme de pratique qui me convienne et que je ne subis pas.

En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?

Andréa : Ayant commencé très jeune, je n’ai jamais ressenti cette difficulté de commencer. Par contre, c’est vrai qu’en pratiquant un sport de combat comme le rugby, on sent le regard de la société. Il arrive de faire face à des remarques machistes. Mais le sport m’a forgé un caractère qui me permet et nous permet de passer au dessus. Quand j’étais petite, j’étais l’une des seules filles à pratiquer au milieu des garçons (jusqu’à l’âge de 15 ans) et sur les tournois j’étais souvent moquer, ce qui m’obligeait à faire davantage mes preuves que quiconque pour me faire respecter. C’est là qu’on se rend compte que dès le plus jeune âge, les garçons sont formatés et se pensent être le sexe fort. 

Maéva : Absolument pas, mes parents étaient eux aussi des épicuriens, ils pratiquaient du rugby et de la danse orientale alors je n’ai eu aucune barrière pour pratiquer une activité physique, au contraire c’est comme une religion chez nous.

Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?

Andréa : Osez, n’hésitez pas ! Vous ne vous sentirez jamais aussi fortes et aussi femmes. Trouvez le sport qui vous correspond au delà des clichés, que ce soit du rugby, du foot, de la danse, de la boxe, de l’haltérophilie… Faites ce sport que vous rêvez de faire et qui vous fait vous sentir bien. 

Maéva : Essayer, c’est déjà réussir, alors fais le pour toi, pas pour les autres. 

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