Portrait #110 : Steffie

Steffie a la joie de vivre communicative, nous avons échangé dans le parc de Bercy sur la course à pieds, la féminité et la danse. Comment s’est-elle lancée l’objectif d’une course officielle par mois ? Let’s Go Girlz !

Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?

Je pratique la marche rapide en moyenne trois fois par semaine et la danse (zumba ou street jazz girly) une fois par semaine.

Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?

J’ai beaucoup marché enfant, ayant grandi en Martinique, c’était mon moyen de locomotion principal. J’ai testé la salle de sport quand j’étais au lycée, sans être vraiment régulière. En arrivant en métropole, le rythme de vie parisien était assez important et je n’avais pas le budget pour me lancer dans un abonnement en salle de sport.

Après quelques années, je me suis inscrite dans une salle de sport réservée aux femmes puis j’ai repris de façon régulière depuis le 19 août 2015. Je célèbre cette date chaque année car c’est une grande victoire.

J’ai repris le sport sur les conseils insistants de mon médecin traitant qui associait le sport à une perte de poids garantie. J’ai testé différentes activités physiques notamment la zumba que j’ai adoré dès mon premier cours et que j’ai pratiqué de façons régulières pendant deux ans. Puis mon planning professionnel a changé, j’ai commencé à faire de la danse avec Luna et son concept Elgo dance à la place de la zumba.

Entretemps, j’ai aussi participé à des courses : Odyssea, La parisienneColor Obstacle RushNo Finish Line. Et je m’étais donnée comme objectif en 2020 de faire une course par mois pour maintenir ma motivation lors de mes entraînements de marche rapide.

Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?

Pour la marche rapide, j’ai la chance d’habiter à côté d’un lac donc je dirais ce spot-là.

La zumba m’a amené dans les plus belles salles parisiennes (Carré Montparnasse, Pavillon Champs Elysée, FAUST). Pour les cours de danse, je suis ceux de Nadine Timas au centre de danse du marais.

Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

La marche rapide et la zumba sont de super sas de décompression.

Le street jazz girly m’a permis d’accepter mon image dans le miroir et de me réconcilier avec ma féminité.

Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?

La pratique du sport m’a permis de gagner en confiance en moi et en mes capacités.

Je dirais que la pratique des sports qui me plaisent m’a permis de me réconcilier aussi avec le sport. Le sport m’a souvent été présenté juste que comme un moyen pour perdre du poids. Il a aussi été l’occasion d’humiliation au collège puisque le sport était utilisé pour mettre les élèves en compétition entre eux plutôt que de les pousser à se dépasser par rapport à eux même.

Quand j’ai repris le sport en 2015, il m’a permis de créer ma bulle en pratiquant énormément. Cela me faisait du bien, j’évacuais beaucoup de choses négatives. Je me suis rendue compte que je pouvais aimer un sport, que ce n’est pas forcément que de la performance. J’aime pouvoir m’améliorer, mais il n’y a plus de compétition avec les autres. Le sport n’est plus une punition et n’est plus associé à la perte de poids. Aujourd’hui, quand je fais un cours de danse, je perds la notion du temps, je suis dans le moment présent. Ma vision du sport a changé et de ce fait la vision de moi en tant que sportive aussi.

Je me considère à présent comme une sportive, alors qu’auparavant je faisais des activités physiques. J’imaginais qu’une sportive était forcément une sportive de haut niveau. Aujourd’hui je sais qu’il y a autant de sportives que de gens qui font du sport, pas besoin de gagner des médailles pour cela. Je suis une sportive XXXL et je le revendique. J’ai aussi compris que je devais prendre soin de mon corps car grâce à lui, je m’épanouie en faisant du sport.

Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?

Mon meilleur moment sportif, c’est ma participation à la Parisienne en 2018. C’était la première course où je me suis fixée un objectif de résultat : franchir la ligne d’arrivée était un moment magique.

Je dirais que mon pire souvenir sportif c’est quand ma professeure de danse, après plusieurs années de stage et une année de cours réguliers, ne m’a pas convié au spectacle de fin d’année. J’ai trouvé cela très injuste et décevant. Sa quête de « perfection » est plus importante que tout pour elle.

Mais je ne me suis pas laissée abattre puisque je prends des cours avec une nouvelle professeure de danse plus bienveillante qui encourage les femmes à s’assumer et à mettre leur singularité au service la danse.

Quel est ton prochain objectif ?

Pour l’année 2020, j’avais pour objectif de réaliser 12 courses de 10 km. Avec le coronavirus, toutes les courses sont annulées. J’ai eu quand même pu en faire une en mars. Je reporte cet objectif pour l’année 2021 et un jour courir un semi-marathon.

En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?

Je ne pense pas que ce soit le fait d’être une femme qui a rendu difficile la reprise du sport mais plutôt le fait d’être obèse.

Avant le 19 aout 2015, j’ai fait plusieurs tentatives infructueuses pour plusieurs raisons. Je n’avais pas assez confiance en moi pour supporter le regard et les réflexions des autres. Je n’avais pas trouvé de sport épanouissant donc forcément je n’avais pas la motivation pour être régulière.

Je pense qu’on associe trop le sport à la perte de poids alors que le sport agit sur tellement d’autres domaines : la confiance en soi, l’humeur, les relations avec les autres, la curiosité de découvrir d’autres sports, etc.

Par ailleurs, il y a trop une volonté sociétale de dire que ce sport est adapté à ce type de personne. Par exemple dans mon cas, on me conseillerait de faire de l’aquagym alors que je n’aime pas du tout cette discipline.

Pour pratiquer les sports que j’aime, je mets en place quelques adaptations :

  • Je fais de la marche rapide au lieu de la course à pieds
  • Je ne saute pas durant les cours de zumba

Ce serait dommage de s’en priver juste pour ces petits détails.

Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?

Je leur conseillerais de tester différents sports jusqu’à trouver le sport qui leur fait perdre la notion du temps, qui leurs donne le sourire après une mauvaise journée.

Tout le monde peut s’épanouir dans le sport, il suffit de trouver le sport qui fait nous fait vibrer pour devenir une adepte.

Pour la petite anecdote, deux semaines avant de reprendre le sport je disais à mon médecin que je ne pourrai jamais aimer le sport. Elle me rappelle cette petite phrase à chaque défi sportif que je relève et à chaque anniversaire de sport que je fête.

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