Portrait #86 : Emilie

Emilie est arrivée avec un large sourire, après avoir traversé l’immense jardin du Luxembourg pour venir à ma rencontre. C’est une femme solaire et sensible qui ne se définit pas encore comme sportive mais plus pour très longtemps. Let’s Go Girlz !

Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?

Je pratique la Zumba 3 fois par semaine, du fitness en moyenne 3 fois par semaine et du cardio, de la musculation jusqu’à 2 fois par semaine.

Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?

J’ai choisi de pratiquer la danse classique vers 8 ans pour porter le fameux tutu qui m’attirait tant. J’ai arrêté au bout d’un an car la professeure m’avait dit que j’étais trop « grosse » pour la danse classique. Dès le plus jeune âge, et de façon inconsciente, j’ai été confrontée au regard des autres sur mon corps stigmatisé « trop gros ».

Puis j’ai poursuivi avec la danse moderne jazz. Je voulais être avec mes copines et c’était, à l’époque, le sport le plus accessible aux petites filles.

Ça a duré plusieurs années. J’avais de bons retours de mon professeur, j’étais félicitée et encouragée. J’étais fière de moi.

J’ai aussi fait du rock’n roll en couple et même des séances de rock acrobatique. Je détestais les séances de rock acrobatique car j’estimais que mon partenaire ne pouvait pas me porter par rapport à mon poids (il ne faisait d’ailleurs aucun effort pour me sécuriser).

Pendant mes années collège, j’ai aussi fait du basket mais l’esprit de compétition de mon équipe ne me plaisait pas. J’étais là pour jouer et passer un bon moment, pas pour gagner à tout prix.

Arrivée au lycée je me suis tournée vers la danse funk/hip hop. J’avais envie de changer et à l’époque c’était à la mode.

Puis à la fin du lycée j’ai pratiqué de l’aérobic avec ma mère. On allait ensemble au cours et c’était, avec le recul, un moment mère – fille très chouette.

Une fois le Bac en poche et partie de la maison, je n’ai plus fait d’activité physique pendant 8 ans.

J’ai repris assidûment en 2012 lorsque j’ai déménagé à Paris. J’étais au chômage donc j’avais du temps pour moi et je vivais juste à coté d’un club de sport : l’occasion était parfaite.

Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?

Je pratique dans une salle de sport près de chez moi qui s’appelle le Club 49 Babylone.

Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

La Zumba m’apporte principalement du plaisir. Je kiffe la danse depuis petite, je m’exprime par les chorégraphies, j’aime « ressentir » mon corps, le mettre en mouvement sur de la musique.

Pour les séances de fitness, c’est la satisfaction d’une fin de séance et le dépassement de soi qui sont de vrais plaisirs. Retrouver les copines et rencontrer de nouvelles personnes me plait énormément.

Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?

Le regard des autres est important pour moi : j’ai toujours espéré la reconnaissance des professeurs et leurs gratifications. À présent, je tends à évoluer, à ne pas attendre d’être fière de moi seulement au travers du regard des autres, mais plutôt au travers du mien. C’est un vrai travail de confiance en soi.

Au début de ma pratique en salle de sport, je me disais que ce n’était pas pour moi, une salle de sport, ce n’est pas pour les grosses. Au fur et à mesure, je me suis rendue compte que les gens ne me regardaient pas et qu’il y avait même de la bienveillance de la part de certains. Puis j’ai appris à aimer me dépenser. Cette reprise du sport a changé la vision que j’avais de moi. La perte de plusieurs dizaines de kilos m’y a aidé aussi, je me suis sentie évoluer. J’ai repris possession de mon corps et je dirai même de ma vie.

Aujourd’hui, je suis en pleine réflexion sur la définition du mot « sport ». Pour moi il y a une dimension de compétition et une notion de douleur, de ressenti extrême. J’essaie de me dire malgré ces représentations que la Zumba est un sport. Un sport que j’ai choisi. C’est mon sport.

Pendant 8 ans je n’ai porté aucun intérêt au sport, ce n’était pas du tout dans mon quotidien. Aujourd’hui il a sa place dans ma vie et c’est aussi du plaisir.

« J’aime à penser que je suis une sportive en devenir. »

Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?

Je dirai que l’un des meilleurs moments, c’est lorsque ma prof de Zumba m’a demandé de venir partager, en plein cours, la chorégraphie à ses côtés. Quelle gratification, une belle reconnaissance de mes capacités, j’étais fière de moi !

Le pire moment, ce sont les cours de sport au collège et au lycée. Être la dernière qu’on choisi quand on fait les équipes, c’est hyper stigmatisant et traumatisant.

Quel est ton prochain objectif ?

J’aimerai reprendre la danse.  

En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?

Je ne pense pas que ce soit le fait d’être une femme qui a été une barrière mais plutôt l’image que j’avais de moi, notamment par rapport à mon poids. J’avais peur d’aller dans une salle de sport, j’étais en surpoids, pour moi je n’avais pas ma place, il fallait être mince pour y aller. J’avais des a priori sur les femmes et les hommes qui y étaient. Ce fut tout l’inverse : bienveillance, conseils, sourires… J’ai été à l’aise rapidement ce qui m’a conforté dans l’idée de continuer.

Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?

Ce n’est pas au sport de te choisir, c’est toi qui choisis TON sport. Choisir son sport c’est choisir son plaisir.

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