J’ai découvert Yasmine à travers ses posts sur Instagram. Sa bonne humeur, ses doutes et la prise de conscience de son corps m’ont tout de suite attirés. Son interview a eu lieu chez HolyBelly devant une assiette de pancakes délicieuse. La séance photo au bord du canal Saint Martin m’a permis de découvrir une Yasmine bien dans sa tête et dans son corps. Grâce au sport ?! Let’s Go Girl !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Mon activité principale est la course à pied 2/3 fois par semaine, les séances peuvent être le soir en rentrant du boulot en courant ou des séances plus longues le week-end avec mon mari. Comme je suis blessée, j’ai stoppé le run le temps de me soigner.
Je pratique aussi du yoga tous les matins avec Yogilab. C’est un site internet avec des vidéos « spécial runner » ou « se vider la tête » je choisis ma vidéo en fonction de mon état du moment.
Je me suis inscrite à une salle de musculation (deux fois par semaine) pour compléter l’entraînement de course à pieds. Vu que je suis blessée, je travaille les jambes autrement.
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
A 10 ans, mes parents m’ont inscrite au judo que j’ai pratiqué jusqu’à la ceinture orange. Peut-être par lassitude et parce que je n’aimais pas l’esprit de compétition, j’ai arrêté. A 12 ans, je me suis inscrite à un cours de gym et mon prof de l’époque m’avais dit « t’es trop grosse » devant tout le monde. J’ai ressenti une telle humiliation que pendant de nombreuses années je n’ai pratiqué aucune activité physique.
A l’âge adulte, je me suis inscrite chaque année dans une salle de sport pour me donner bonne conscience, parce qu’il « fallait le faire » et pour perdre du poids . J’allais deux fois par mois à la salle, j’étais cette fille sur un vélo un magazine à la main, puis j’arrêtais d’y aller. Et pourtant, chaque rentrée, je me réinscrivais.
Et j’ai rencontré mon mari qui est sportif. Il allait courir après le boulot pendant que je l’attendais devant la télé. Un soir, je lui dis « je viens avec toi », j’enfile mon vieux jogging et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à courir. C’était avant tout pour partager un moment avec lui. Ensuite quand j’ai vu les kilos s’envoler je l’ai fait pour maigrir.
Puis il y a eu l’époque des e-books et de mon inscription sur Instagram, le partage de Top Body Challenges, le fait de faire partie d’une communauté et de se motiver ensemble. Toujours dans une optique de perdre du poids, je n’étais plus dans la connexion d’un sport qui me plaisait (comme au début de la course à pieds avec Yoann), mais dans la perte de poids, je voulais tout essayer. Puis, certainement par lassitude, le fait de stagner niveau poids et peut-être aussi parce que la tendance du Top Body Challenge s’est essoufflée, j’ai stoppé cette activité physique.
Après notre déménagement à Strasbourg, j’ai repris le sport avec l’aide d’une copine instagrameuse qui me coachait, je courais tous les matins à jeun. Toujours avec cette idée de perdre du poids, mais aussi avec ce sentiment de me sentir légitime par rapport à mon compte Instagram et mes abonnés. Je me comparais aux autres comptes sportifs de filles et je voulais prouver quelque part que je méritais ma place d’influenceuse sur Instagram autant que n’importe quelle Fit Girl. J’avais à nouveau perdu la notion de plaisir en courant.
Puis il y’a eu la préparation du semi-marathon de Lyon que j’ai faite pour réaliser un temps. C’est avant tout un merveilleux souvenir grâce aux rencontres d’autres instagrameuses. Suite à ce semi, je me suis blessée et j’ai donc arrêté la course à pieds.
Lors de ma rééducation, ma kiné m’a proposé de tester le crossfit en m’expliquant que ça renforcerait mes jambes (pour mon corps, passer de l’état du canapé au semi-marathon avait été difficile à assimiler). J’y suis donc allée et j’ai testé le crossfit sans en parler sur Instagram. Je ne voulais pas ressentir de compétition ni influencer quiconque sur les réseaux sociaux. J’y suis allée 2, 3 fois puis 5, 6 fois par semaine. Je prends du plaisir, j’aime l’entraide du groupe tout en étant seule dans mon effort. A partir de ce moment, je n’ai plus vu mon corps comme un boulet que je traîne, mais comme un atout. J’ai vu mon corps pour ce qu’il est capable de faire et non ce qu’il représente aux yeux des autres. Le crossfit m’a permis d’être fière de mon corps, de l’accepter.
« J’ai découvert un sport pour autre chose que maigrir, j’ai appris à me dépasser et à accepter de ne pas avoir tout le temps envie. Et surtout à écouter et à aimer mon corps. »
Plus récemment, j’ai effectué les 20 kms de Paris, j’ai suivi un plan d’entraînement que j’ai effectué avec plaisir et non pour faire un chrono. La course à pieds a repris son sens premier.
Aujourd’hui je suis dans une pratique plaisir et le sport fait partie de mon quotidien comme la télé pour certains.
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
Je cours en extérieur (sur les quais de la Loire ou en centre ville) à Orléans. Rien de mieux que les paysages. Je cours souvent sans musique parce que j’aime être vraiment dans mon effort, attentive au reste.
L’île Charlemagne est un spot génial pour les runneurs avec son petit lac au centre et son calme.
Pour la musculation, je vais dans une salle de coaching avec un abonnement spécifique en fonction de ce que tu souhaites. Accompagnée par un coach à chaque séance.
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
Ça m’aide à me sentir bien dans ma peau, je ne parle pas de physique mais surtout de mental. Quand tu commences ta journée par 5 kms de course, tu es bourrée d’endorphines (les hormones du bonheur), tu as le sentiment d’avoir déjà une journée avant ta journée de boulot, un vrai sentiment d’accomplissement. Je dis souvent que quand je cours au réveil je me sens comme Wonder Woman. Le sport m’enrichit et m’épanouit, je me sens fière de moi après chaque séance.
Le reste du temps, le sport m’apporte automatiquement un sentiment de détente, ça permet de conclure de façon plus positive une journée merdique. C’est aussi mon moment à moi, rien qu’à moi.
« Aujourd’hui, le sport fait partie intégrante de mon quotidien, c’est mon équilibre.«
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
Niveau sport ma vision a complètement changé ! Au lycée, je me suis claquée une porte coupe-feu sur le poignet pour ne pas courir le cross. Dix ans après, je faisais un Semi-Marathon, je me levais à 5 heures pour courir, je devenais une passionnée de sport. Pour moi, faire du sport était synonyme de maigrir. Aujourd’hui, je pratique le sport pour le plaisir et pour moi avant tout.
Par rapport à ma vision de moi-même, je me sens plus à l’aise dans mes baskets, mon corps n’est pas qu’une enveloppe c’est surtout un allié qui me permet de courir, de soulever des poids. Je ne le vois plus pour son image mais pour son « utilité », je me sens forte à présent.
Mon état d’esprit a changé, je vois et j’accepte mon corps pour ce qu’il est capable de faire, je ne minimise plus mes efforts.
« J’ai appris à accepter mon corps et surtout à en être fière. »
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
Mon meilleur, c’est le semi-Marathon de Lyon tant pour l’ambiance avant, pendant et après avec les copains que pour l’accomplissement que j’ai ressenti à le finir.
Le pire, je crois que je n’en ai pas. Je ne me mets pas assez la pression et je cours trop pour le plaisir pour avoir des regrets.
A la limite, je dirais que ma blessure après le semi-Marathon qui m’a obligée à arrêter la course pendant six mois. Mais c’est aussi grâce à ça que j’ai découvert le crossfit.
Quel est ton prochain objectif ?
Le marathon en relais de genève au mois de mai. Je ferai un semi-marathon seule et je souhaite accompagner une de mes abonnées qui débute la course à pieds. Puis le marathon du mont Saint-Michel en duo avec une autre abonnée.
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
Comme beaucoup, je pense surtout que le problème venait de l’idée que je me faisais du regard des autres, mais pas du tout en rapport à mon genre.
Une fois lanceée dans chacune de mes activités je me suis aperçue que la barrière venait de moi et ça me permet aujourd’hui d’en péter des nouvelles, parce que je sais que c’est plus souvent une idée biaisée de la réalité, que la réalité elle-même qui me bloque.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Essayez ! Souvenez-vous qu’on a tous commencé quelque part. Mais surtout trouvez un sport qui vous convient à vous. Ne faites pas de yoga parce que c’est hype, ne vous mettez pas à courir parce que ça fait maigrir. Essayez les sports autour de chez vous, la première séance est souvent offerte et découvrez vous à travers un sport. Découvrez vraiment ce qu’il y a au fond de vous, ce que vous aimez, ne vous limitez pas à l’idée que vous vous faites de la réalité et foncez. Je vous jure ça en vaut toujours la peine.
« Et bien entendu, prenez du plaisir ! »