Aurélie est la fondatrice du magazine Les Sportives, un magazine sportif qui ressemble aux sportives et refuse le modèle unique de la femme tel qu’il est fantasmé par la presse féminine classique. Aurélie est une femme d’action, son sport lui permet avant tout d’être libre. Let’s Go Girlz !
Quel(s) sport(s) pratiques-tu ? Et à quelle fréquence ?
Je cours minimum 1 fois par semaine, cela peut varier en fonction de mon agenda et des objectifs que je me fixe. Je fais aussi pas mal d’étirements.
Quand as-tu commencé le sport et quelles étaient les raisons à l’époque ?
On m’a inscrite à la danse quand j’étais petite. Mais les tutus et les paillettes, ce n’étaient pas pour moi, j’ai vite arrêté pour faire de la gym. Sport que j’ai pratiqué pendant 10 ans jusqu’aux championnats de France notamment en équipe. J’aimais profondément retrouver mes copines et l’esprit d’équipe, je me sentais à l’aise. Puis est venu le point de bascule avec l’adolescence, vers 14 ans, j’étais trop grande pour être une gymnaste. J’ai fait un choix en arrêtant la gym et en favorisant la musique qui était mon autre activité.
J’ai pu faire d’autres sports avant l’âge adulte : du hip hop, de la danse, etc. Mais c’est en commençant la course à pied que j’ai retrouvé les sensations de la gymnastique. Plus jeune je détestais courir, pourtant aujourd’hui, j’adore ça, je me suis réappropriée cette pratique sportive. Quand j’ai fondé les Sportives, j’ai repris la course à pied, parce que le sport me manquait. Je courais tous les matins, cela me permettait de me sentir bien, de rencontrer d’autres coureurs et de me rendre compte de l’importance de valoriser toutes les sportives.
Où pratiques-tu ton sport et quel est ton spot favori ?
J’adore courir en Franche-Comté dans ma région d’enfance, vers Besançon. J’aime les grands espaces et me sentir libre, du coup je préfère courir en dehors des grandes villes mais malheureusement l’occasion est faible. Je vais donc courir en général dans mon secteur, Paris 18ème et Parc des Batignolles, ou Parc du Luxembourg entre les horaires de travail.
Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?
La course à pied me fait du bien, elle me permet de me défouler et surtout de me sentir libre. J’aime errer et découvrir de nouveau parcours, j’ai besoin d’imprévu et la course à pied me le permet.
Mon miracle morning commence par ma séance de course à pied. Je me déconnecte, je prends ce moment pour m’aérer l’esprit et cela rythme positivement ma journée.
Le sport a-t-il changé la vision que tu avais de toi et ta vision du sport en elle-même ?
Quand je pratiquais la gym, j’avais une vision assez compétitrice du sport, je devais performer et mon corps s’adaptait pour cela, il devait être musclé et souple. En grandissant, j’ai arrêté la gym car mon corps, considéré comme trop grand, ne s’adaptait plus à ma pratique sportive. J’ai alors fait du mannequinat, je rentrais complètement dans les stéréotypes des canons de beauté. Je garde le meilleur de cette période, à savoir la capacité de me maquiller, de m’habiller et une facilité à prendre la parole en public. Je suis partie de ce milieu car il ne me correspondait plus et j’ai alors redécouvert mon corps. Par le sport, je me le suis réapproprié. Aujourd’hui, ce qui compte c’est avant tout mon plaisir, mon épanouissement au travers du sport.
Ma vision de moi a forcément évolué en fonction des milieux différents dans lesquels j’ai baigné. J’ai pu vivre tous les aspects du traitement du corps, ma vision sur mon corps a donc changé. Être sportive pour moi, c’est tout un état d’esprit, je suis une sportive déterminée, à l’aise avec mon corps et heureuse dans ma pratique.
Quels ont été ton meilleur et ton pire moment sportif ?
L’un de mes pires souvenirs sportifs est une chute à la poutre que j’ai très mal vécue quand j’étais gymnaste. J’avais eu peur, j’étais déçue et frustrée.
L’un de mes meilleurs souvenirs est une expérience de course à pied au Japon, à l’occasion du 70ème anniversaire contre le bombardement nucléaire : 511 kms à parcourir pour relier Hiroshima à Nagasaki en équipe. C’était incroyable, j’étais en immersion complète avec les japonais, je me suis dépassée, compte tenu de la chaleur écrasante. Nous étions en relais, nous courions du lever au coucher du soleil. Découvrir ce pays en courant entourée de personnes investies, c’était intense. C’est un de mes plus beaux moments sportifs.
Quel est ton prochain objectif ?
Suite à un accident de vélo, j’ai du arrêter le sport pendant 3 mois. J’ai repris la course à pied à Noël et j’ai couru 11 kms. Je me sentais en forme, j’avais envie de repousser mes limites, je me suis donc lancée un nouveau défi : faire le semi-marathon de Paris.
C’est assez symbolique, je veux que ce défi soit à l’image de mon année professionnelle : sortir de ma zone de confort, bien m’entourer et avancer.
En tant que femme a-t-il été plus ou moins difficile de commencer (et d’exercer) une activité physique par rapport à tes barrières, la société, le regard des autres ?
Adolescente, j’ai eu des réflexions désagréables sur mon physique, je portais les joggings de mon équipe de gymnastique et on disait parfois de moi que j’étais un garçon manqué. J’ai aussi eu droit au célèbre « planche à pain », je pense que beaucoup d’adolescentes vivent ce genre de choses mais cela ne m’a pas fait renoncer à mes envies sportives, au contraire !
Dans le cadre de la création du média, j’ai eu des retours du type : « les sportives ça n’intéresse personne, ce n’est pas un réel sujet. » Malgré cela, j’ai continué et je me suis battue pour que les Sportives voit le jour.
La seule barrière à ma pratique sportive en tant que femme est liée à l’insécurité. Si je suis dans un endroit dans lequel je ne sens pas en sécurité, je ne cours pas.
Quel message pourrais-tu livrer aux femmes et aux jeunes filles ayant envie de faire du sport mais n’osant pas ou aux femmes qui se persuadent que le sport n’est pas fait pour elles ?
Soyez solidaires entre femmes, entraidons-nous dans nos pratiques et dans l’influence sportive que nous pouvons avoir. Si vous êtes mère, influencez vos enfants à pratiquer ce qu’ils souhaitent. N’attendons pas des hommes ce que nous pouvons faire pour nous-même.